Le modèle de réforme de la LPP proposé aujourd’hui par les banques et leurs acolytes de la Société Suisse des entrepreneurs et de Swiss Retail est une attaque frontale contre les rentes des employé-e-s. Et il constitue un coup de poignard dans le dos des partenaires sociaux qui ont trouvé, après de longues négociations, un compromis viable. Le projet aurait pour conséquence une baisse des rentes, en particulier dans les caisses de pensions qui ne disposent pas de réserves importantes. Les auteur-e-s ont également déclaré à maintes reprises leur opposition à une modernisation du 2e pilier qui apporterait des nettes améliorations pour les rentes des femmes qui sont scandaleusement basses.
La motivation est évidente : les employeurs du secteur bancaire veulent échapper à leur responsabilité sociale et éviter d’apporter la moindre contribution à une réforme de la LPP permettant à tous les assuré-e-s, dans toutes les caisses, de préserver le niveau des rentes. Ils rejettent la composante de répartition dans le compromis des partenaires sociaux. Et pourtant, c’est précisément celle-ci qui conduit à améliorer le rapport prix-prestations pour les revenus bas et moyens, par exemple dans le secteur de la construction. Il est dès lors frappant que la SSE se prononce de manière offensive contre un compromis pourtant réaliste et favorable à ses propres employé-e-s. Pour Aldo Ferrari, vice-président d’Unia, « la Société Suisse des entrepreneurs combat un modèle qui apporte des avantages à ses membres et renforce la participation des salaires les plus élevés. C’est se moquer des employés qui travaillent dur dans le secteur de la construction ».
Avec le modèle présenté aujourd’hui, les cotisations dans le 2e pilier augmenteront et les rentes seront quand même plus basses. Impossible de réussir une réforme sur de tels fondements. « Ce modèle n’offre aucune réponse aux problèmes importants des rentes des femmes qui partiront à la retraite au cours des prochaines années », souligne par ailleurs Gabriela Medici, secrétaire centrale de l’USS.
Le 2e pilier est d’ores et déjà en difficulté et les rentes diminuent depuis plus de dix ans même si les salarié-e-s sont toujours plus mis à contribution. Il faut trouver des solutions communes pour rétablir la confiance envers le 2e pilier. Le Conseil fédéral partage cet avis. Seul le compromis des organisations faîtières des partenaires sociaux offre l’opportunité de moderniser le 2e pilier et d’apporter un correctif aux rentes trop basses des personnes à revenus bas et moyens, ainsi que des employé-e-s à temps partiel. Il reste la seule base valable pour une solution viable.