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Oui à la loi sur le CO2 !

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Écrit par Reto Wyss

Enfin une politique climatique pour la Suisse

À l’unanimité, le Comité de l’Union syndicale suisse a décidé de recommander le OUI à la loi sur le CO2 (votation du 13 juin). Cette loi représente en effet la base qui permettra à la Suisse d’enfin progresser dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les travailleurs et travailleuses en ont précisément bien besoin.

Il était plus que temps

Après de nombreuses années pendant lesquelles la majorité de droite du Parlement fédéral a choisi une attitude qui revenait pratiquement à nier politiquement l’existence du réchauffement climatique, le Conseil national et le Conseil des États se sont enfin mis d’accord, lors de la dernière session d’automne, sur un compromis a minima de politique climatique et adopté la révision de la loi sur le CO2. Celle-ci représente la base pour atteindre les buts auxquels la Suisse a souscrit depuis longtemps au plan international en matière de climat (« objectif zéro net » d’émissions jusqu’en 2050). Ces objectifs devraient certes, premièrement, être encore plus ambitieux et, deuxièmement, ne seront, selon les expert-e-s, pas non plus réalisés avec cette seule loi sur le CO2. Néanmoins, la révision de cette dernière revêt une importance inestimable. En effet, elle signe même l’entrée de la Suisse dans une politique climatique digne de ce nom. Ainsi, si notre pays ne va pas de ce fait recoller, sur le plan international, au peloton de tête des nations exemplaires – auquel elle appartiendrait en fait en raison de sa prospérité et des fautes climatiques commises dans le passé qui vont de pair –, toujours est-il qu’elle ne tombe pas encore plus bas.

Le changement climatique a bien lieu

Le changement climatique n’est pas un phénomène éloigné dans le temps ou l’espace, mais a lieu depuis longtemps. Cela, avant tout ici et maintenant : en Suisse les températures augmentent deux fois plus que la moyenne mondiale. C’est non seulement très onéreux (p. ex. en ce qui concerne l’entretien et la protection des infrastructures), mais cela préoccupe beaucoup la population, et surtout celles et ceux qui sont « professionnellement occupés ». Car il fait plus chaud avant tout aussi au travail, que ce soit sur les chantiers, dans les transports, le tourisme ou encore les soins. La santé des personnes concernées en souffre toujours plus et cela, à un double égard : les personnes les plus exposées à la chaleur et aux intempéries sont pour la plupart des travailleurs et travailleuses qui touchent des bas salaires. En plus, ils ont bien moins la possibilité de profiter des oasis vertes des centres-villes que, par exemple, de se retrouver dans des petits appartements loués au bord de voies d’accès bruyantes, avec d’importantes émissions polluantes.

Socialement tout à fait supportable

Une politique climatique efficace est dont non seulement absolument incontournable, elle est on ne peut plus clairement aussi dans l’intérêt des travailleurs et travailleuses. Ici, les mesures de réduction des gaz à effet de serre doivent être littéralement prises « à la source » et faire en sorte que la plus grande partie des réserves d’énergie fossile encore dans le sol (pétrole, gaz naturel) ne soit même pas captée. La loi sur le CO2 choisit cette voie en introduisant des valeurs limites plus strictes concernant les chauffages au mazout et les nouveaux véhicules à moteur à combustion. En outre, les taxes d’incitation sont un outil important pour augmenter l’attractivité de la mobilité sans CO2 ainsi que des systèmes de chauffage sans émission polluante. De telles taxes supplémentaires doivent cependant être largement remboursées à la population et empêcher par là que la charge financière des ménages à bas ou moyens revenus ne s’alourdisse encore plus. Car ceux-ci, premièrement, souffrent aujourd’hui déjà de loyers trop chers et de primes-maladie bien trop élevées et, deuxièmement, sont de toute façon à l’origine de beaucoup moins d’émissions que les ménages riches qui possèdent une résidence secondaire et trois autos. La loi sur le CO2 tient compte de ce droit à être remboursé, car, tant le produit de la taxe (augmentée) sur le CO2 prélevée sur les combustibles que celui de la nouvelle taxe sur les billets d’avions et les vols privés seront, pour la plus grande part, redistribués à la population sur une base individuelle. Ainsi, les ménages à faible revenu (et en conséquence à l’origine de peu d’émissions) recevront finalement à moyen terme plus d’argent que ce qu’ils auront payé et, dans certains cas, verront à long terme leur charge augmenter tout au plus dans une faible mesure

Une pierre angulaire pour de nouveaux emplois

La loi sur le CO2 ne représente pas uniquement la pierre angulaire d’une politique climatique sérieuse, mais constitue aussi la base pour de nouveaux programmes d’investissement nécessaires. En plus d’une grande somme destinée à l’assainissement des bâtiments, cette loi alloue des fonds, par exemple pour le développement des liaisons ferroviaires nocturnes et de technologies alternatives de propulsion dans l’aviation. Ces programmes d’investissement en faveur de la transition écologique devront être fortement financièrement augmentés et développés, une fois la loi sur le CO2 acceptée ; cela, avec les ressources fiscales générales. On trouve ici au centre la transition énergétique vers un approvisionnement complet à l’aide d’énergies renouvelables. L’énorme développement de l’énergie solaire nécessaire à cet effet aura non seulement pour effet que la Suisse pourra réellement atteindre les objectifs climatiques qui figurent dans la nouvelle loi sur le CO2 – et même, espérons-le, les dépasser –, mais créera aussi des milliers de nouveaux emplois durables dans tout le pays.

Responsable à l'USS

Reto Wyss

Secrétaire central

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Reto Wyss
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