Le résultat de la votation est un signal très clair adressé aux Parlement et au Conseil fédéral ainsi qu’aux caisses de pension. Une majorité des votants est clairement d'avis que le niveau des rentes en Suisse ne peut pas être abaissé, en particulier pour les revenus moyens. Car les rentes du 2e pilier sont déjà basses, avec un montant moyen de 1700 francs. Au lieu de continuer à abaisser le taux de conversion, il faut maintenant relever les intérêts sur les avoirs de vieillesse et introduire une compensation du renchérissement sur les rentes. La situation financière des caisses de pensions est très bonne. Celles-ci ont accumulé d’importantes réserves et provisions, et pris des mesures qui leur permettent de financer non seulement les rentes en cours, mais aussi les rentes futures.
Il faut en outre des mesures pour combler les lacunes de rentes des parents, et surtout des mères, avec un financement solidaire. La réforme de la LPP aurait au contraire alourdi la charge que représentent les cotisations au 2e pilier. Nombre de personnes concernées n’en ont pas voulu, parce qu’elles ont besoin de cet argent pour vivre. Les bonifications pour tâches éducatives et d’assistance de l’AVS sont un modèle à suivre pour réduire l’écart en défaveur des femmes.
Le non du peuple résonne aussi comme une critique du business profitable qu’est devenu le 2e pilier pour la finance et les assurances privées, aux dépens des salarié-e-s. Les assurances sociales ne sont pas là pour générer des profits. L’USS s’engagera énergiquement pour que les caisses de pensions prennent des mesures efficaces contre leurs frais de gestion trop élevés, contre la concurrence à laquelle se livrent les courtiers, contre les primes de risque excessives ainsi que contre les bénéfices dont bénéficient les grandes assurances privées. La parité doit être concrètement renforcée dans la prévoyance professionnelle. Et elle doit être réalisée pour de bon dans les fondations collectives des assureurs à but lucratif. En contrepartie de leurs versements obligatoires dans le 2e pilier, les salarié-e-s ont non seulement besoin d’une garantie de rente claire, mais aussi d’une surveillance paritaire qui fonctionne et défende leurs intérêts.
La discussion sur le financement de la 13e rente AVS se fait également à mille lieues des réalités de la population. Le Conseil fédéral et une partie de la droite parlementaire refusent de financer solidement la rente AVS supplémentaire. Leur objectif est faire faire des déficits à l'AVS pour augmenter la pression sur l'âge de la retraite. Pourtant, le 3 mars dernier, la population a massivement rejeté une initiative pour l’augmentation de l'âge de la retraite. La population demande une politique de la prévoyance vieillesse qui garantisse des rentes sûres et d’un niveau suffisant. Un financement solide et social de la 13e rente AVS en fait partie.