Le oui net à la 13e rente AVS signifiait que beaucoup de citoyen-ne-s à bas ou moyen revenu ont beaucoup de peine à joindre les deux bouts avec leur rente ou leur salaire. Ce oui était aussi un signal on ne peut plus clair adressé au Conseil fédéral et au Parlement pour qu’ils prennent ces problèmes au sérieux et leur trouvent des solutions.
La proposition de financement de la 13e rente AVS présentée aujourd’hui montre malheureusement que ce signal n’a pas été entendu par le Conseil fédéral. Au lieu de recourir aux cotisations salariales, celui-ci mise uniquement sur la TVA et une baisse de la participation de la Confédération au financement de l’AVS. Le Parlement doit corriger cette décision erronée parce qu’elle est antisociale.
La participation de la Confédération sert entre autres à garantir les prestations de l’AVS que ne financent pas les cotisations salariales comme, par exemple, les bonifications pour tâches d’assistance et éducatives ainsi que l’allocation pour impotent-e. Parallèlement, elle veille, à travers une certaine solidarité, à ce que les entreprises, les bénéficiaires de dividendes et le secteur financier participent aussi au financement de l’AVS. La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, qui s’est fait surtout remarquer ces derniers temps par sa proximité avec la place financière, s’est une nouvelle fois imposée au Conseil fédéral, après avoir déjà réussi à faire baisser la contribution de la Confédération à l’assurance-chômage. Ce n’est pas un bon signal pour un pays si son gouvernement commande des prestations, mais n’entend en financer qu’une partie.
Les cotisations salariales seraient justifiées pour plusieurs raisons. Elles ont en effet été baissées ces dernières années. Ce sont en particulier les hauts revenus dont la charge s’est allégée, suite à l’abandon du pourcent de solidarité dans l’assurance-chômage. Augmenter les cotisations salariales permettrait aussi de compenser quelque peu les inégalités sociales. À cause du creusement de l’écart entre les salaires, la répartition des richesses en Suisse est devenue plus injuste. Si les hauts revenus doivent participer davantage au financement de l’AVS, cela allégera les bas et moyens salaires.