En acceptant très largement la norme pénale contre l’homophobie, les électrices et électeurs de Suisse ont donné un signal clair en faveur de la tolérance et du respect. Par sa netteté, ce résultat indique la volonté claire d’empêcher que l’orientation sexuelle fonde quelque discrimination que ce soit. Il s’agit d’un pas important vers une véritable égalité des droits, auxquels d’autres devront encore succéder, notamment dans le monde du travail.
La discrimination se produit là où les gens passent du temps, et donc malheureusement trop souvent aussi sur le lieu de travail. Les personnes LGBTI en sont tout particulièrement la cible : moqueries, remarques obscènes et exclusion sociale sont monnaie courante. Parfois, la discrimination va même plus loin, jusqu’au licenciement ou au refus d’embaucher. C’est là que la norme pénale désormais élargie permettra d’intervenir et de fournir enfin une base légale pour se défendre contre de telles pratiques intolérables.
Mais il est bien évident que cet article de la norme pénale ne fournira pas non plus un arsenal juridique permettant de s’attaquer à la discrimination quotidienne basée sur l’homophobie, la transphobie et l’interphobie dans le monde du travail. Et cet arsenal juridique ne serait pas non plus la panacée : il faut plutôt un travail systématique de sensibilisation et un engagement constant pour défendre les intérêts de ces personnes, comme les syndicats le font depuis des années pour les salarié-e-s LGBTI. Il est temps d’imposer enfin quelques revendications très concrètes à l’échelle du pays : par exemple, les salarié-e-s qui sont en partenariat enregistré doivent avoir exactement les mêmes droits dans les CCT que les couples mariés hétérosexuels, comme c’est déjà le cas pour les couples vivant en concubinage (p. ex. absences pour raisons familiales, versement d’arriérés de salaire en cas de décès, droits aux avoirs de caisses de pensions).
Les personnes transgenres n’ont pas été prises en considération dans la norme pénale élargie, à leur grande déception, et à la nôtre. Elles sont pourtant souvent touchées par la discrimination au travail et ont, elles aussi, besoin d’une protection particulière. Nous demandons prioritairement une protection contre le licenciement après un « coming-out » ainsi que des congés en cas de transition.