Equal Pension Day
 

À partir d’aujourd’hui, seuls les hommes touchent une rente de retraite

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Communiqués de presse

Equal Pension Day 2023

Aujourd’hui, nous y sommes : jusqu’au 1er septembre, les hommes ont déjà perçu autant de rente que les femmes en percevront jusqu’à la fin de l’année. Car en Suisse, les femmes touchent toujours un tiers de moins de rente que les hommes. Le déficit de rente moyen des femmes se monte exactement à 17 293 francs. À l’occasion de l’« Equal Pension Day », l’Union syndicale suisse (USS) tient à attirer l’attention sur la situation précaire des femmes en matière de retraite. La hausse des prix, des loyers et des primes-maladie aggrave encore plus l’écart déjà important entre les rentes des femmes et celles des hommes. Il devient toujours plus nécessaire d’agir. Aujourd’hui déjà, la pauvreté des personnes âgées est un problème qui touche avant tout les femmes en Suisse. 

Dans l’ensemble, les femmes et les hommes fournissent certes à peu près la même quantité de travail, mais les unes et les autres n’assument pas les mêmes tâches. Les femmes travaillent plus souvent à temps partiel et dans des branches où les salaires sont bas. Or des salaires trop bas signifient des rentes encore plus basses. Tant au plan professionnel que dans leur vie privée, les femmes se chargent de la majeure partie du travail d’assistance et de soins. Elles s’occupent des enfants, elles s’occupent des proches malades ou âgés, elles s’occupent du bien-être et de l’organisation de leurs supérieurs hiérarchiques.

Cette répartition des rôles dans la société devient particulièrement visible une fois qu’une famille a été fondée. Dans les couples avec enfants, les femmes assument presque deux tiers de travail domestique et familial non rémunéré en plus que leurs partenaires. Ces activités ne sont reconnues que dans l’AVS. Les tâches d’assistance et éducatives non rémunérées accomplies par les femmes font augmenter les rentes AVS. Le fait d’élever un enfant peut augmenter jusqu’à 350 francs par mois la rente AVS. Cela explique pourquoi les rentes des femmes et celles des hommes sont presque égales. La rente du 2e pilier est par contre indissociable de l’exercice d’une activité lucrative et du salaire touché. Contrairement à l’AVS, il n’existe pas de mécanisme reconnaissant les activités éducatives et d’assistance.

Le renchérissement engloutit des rentes mensuelles déjà faibles

Aujourd’hui, la majorité des femmes touche des rentes largement inférieures à 3 000 francs par mois. Mais ce n’est pas tout : il y a une année de cela, on a promis aux femmes que le relèvement de leur âge de la retraite irait de pair avec une hausse de leurs rentes. Il apparaît maintenant que c’est le contraire qui a lieu : au lieu d’éliminer une bonne fois le déficit de rente des femmes, on prévoit déjà de nouvelles dégradations et coupes, par exemple en ce qui concerne les rentes de veuve. De plus, aujourd’hui déjà, plus de 11 % des femmes font une demande de prestations complémentaires (PC) directement après leur départ à la retraite. La pauvreté des personnes âgées est un problème surtout féminin, et elle augmente même avec l’âge.

Maintenant, l’inflation, la hausse des loyers et des primes-maladie viennent s’ajouter ; et les rentes, déjà basses, suffisent pour toujours moins de dépense. Les rentes du 2e pilier ne connaissent en effet pas de compensation du renchérissement. Et pour l’AVS, cette compensation n’aura à nouveau lieu qu’en 2025. Le résultat est que, pour de nombreux ménages de retraité-e-s, les pertes de pouvoir d’achat essuyées entre 2021 et 2024 seront si importantes qu’ils disposeront d’environ une rente mensuelle de moins.

La 13e rente AVS, sur laquelle nous voterons au printemps 2024, représente une opportunité pour rapidement améliorer les retraites précaires des femmes. Cette 13e rente équivaut en moyenne à une amélioration d’environ 150 francs de la rente mensuelle pour toutes les retraitées, actuelles et futures. Comme elle reprend le système des bonifications pour tâches éducatives et d’assistance, l’initiative renforce la prise en considération dans la prévoyance vieillesse du travail non rémunéré, sans faire inutilement grimper les coûts pour les femmes à bas revenu. C’est rendu possible par le fait que les personnes à très haut revenu participent directement à l’amélioration urgente et nécessaire des rentes. De fait, les salaires élevés paient pleinement l’AVS sur les millions qu’ils représentent.

Le renforcement de l’AVS à travers les urnes est d’autant plus important que le Conseil fédéral prend la direction opposée. En plus des mesures d’austérité planifiées avec les rentes de veuve, il a décidé mercredi dernier de ne même pas adapter au renchérissement les suppléments de rente pour les femmes les plus touchées par le relèvement de l’âge de la retraite, alors que cela se fait normalement partout dans l’AVS. 

Parallèlement, nombre de caisses de pensions profitent du relèvement de l’âge de la retraite des femmes pour dégrader les prestations destinées à des dernières sous forme de rentes-ponts. Et avec la réforme de la LPP, c’est un nouveau grand projet de démantèlement qui passera en votation en 2024. Cette réforme n’apportera, elle non plus, rien aux femmes. Pire encore : pour beaucoup d’entre elles, elle entraînera même une baisse des rentes, alors que les prélèvements sur leurs salaires vont augmenter.

Responsable à l'USS

Gabriela Medici

Première secrétaire adjointe

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Gabriela Medici
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