L’évolution des salaires entre 2016 et 2018 est insuffisante. Les salaires réels ont baissé de 0,8 % – notamment chez les employé-e-s sans fonction de cadre (-1 %). L’examen par branche met négativement en avant la branche de la sécurité seulement partiellement protégée par des salaires minimaux ( -6 % réels) ainsi que les services postaux et de paquets (-3 % réels). Il est réjouissant de constater que le retard des salaires féminins s’est de nouveau un peu réduit, passant de 12 à 11,5 %. C’est ce que montrent les résultats de l’enquête sur la structure des salaires (ESS) 2018 publiés aujourd’hui.
La période de 2016 à 2018 a été difficile au niveau de la politique salariale, c’est connu. L’enquête sur la structure des salaires confirme maintenant que ce sont dans les branches sans convention collective fixant un salaire minimum que les plus graves problèmes se posent. Dans les branches avec CCT classiques comme l'hôtellerie-restauration ou le second œuvre, les salaires réels ont augmenté. Dans le commerce de détail aussi, le résultat a été positif malgré un environnement difficile. À l’inverse, les craintes des syndicats se sont confirmées dans la branche de la sécurité où le dumping fait rage (pas de CCT pour les petites entreprises) ou dans la logistique (services postaux et de courrier), dont les salaires ont été mis sous pression.
Pour la première fois depuis dix ans, la situation dans le secteur des bas salaires s’est également détériorée. Le nombre d’emplois à bas salaire a augmenté à 353’000 (2016 : 329’000). Les salaires des 10 % inférieurs ont même baissé en termes réels de 1,7 %, alors que les 10 % supérieurs ont continué à augmenter de 1 %.
Il est réjouissant de constater que la différence salariale entre les sexes s’est légèrement réduite depuis 2016. Cette réduction peut aussi être attribuée à l’engagement syndical contre la discrimination faite aux femmes dans le monde du travail. Les femmes sont surreprésentées parmi les bas salaires de moins de 4’500 CHF, alors qu’elles sont clairement sous-représentées pour les salaires mensuels supérieurs à 16’000 CHF avec 17,6 %. Les chiffres de l’ESS 2018 publiés aujourd’hui ne disent rien de la discrimination salariale liée au sexe. Elle sera calculée ultérieurement sur la base des différences de salaire moyen pour un travail de valeur égale.
Pour résoudre les problèmes salariaux, l’USS a lancé une offensive sur le pouvoir d’achat. Des CCT avec de bons salaires minimaux sont nécessaires dans toutes les branches, et en priorité dans la sécurité et la logistique. Les problèmes de pouvoir d’achat se sont aggravés avec la crise provoquée par les mesures de lutte contre le coronavirus, raison pour laquelle l’USS demande en cas de chômage partiel le versement de 100 % du salaire pour les employé-e-s aux plus bas revenus.