Ce qui est évident n’apparaît malheureusement pas toujours comme tel. Par exemple, au début de la session parlementaire d’hiver, on ne savait absolument pas que l’offensive provocatrice lancée par l’UDC et quelques-uns de ses alliés contre le personnel de la Confédération, lors des délibérations sur le budget 2012, pouvait être contrée. Or, l’argument, selon lequel les dépenses supplémentaires entraînées par les décisions du Parlement nécessitaient aussi que l’effectif du personnel soit suffisant, s’est finalement aussi imposé au Conseil national le 15 décembre dernier. C’est réjouissant. Espérons que le dénigrement répugnant dont est l’objet le personnel de la Confédération de la part de l’extrême droite cessera une fois pour toutes.
Au début de la session d’hiver, on devait supposer que la majorité de la commission parlementaire favorable à la proposition de l’UDC Zuppiger, de diminuer de 150 millions de francs (3 %) les crédits destinés au personnel de la Confédération, allait aussi s’imposer au Conseil national. Mais si, dans une première étape, ce dernier suivit largement cette proposition de coupe budgétaire, la Communauté de négociation du personnel de la Confédération (CNPC) – elle regroupe l’Association du personnel de la Confédération (APC), le Syndicat suisse des services publics (ssp), le Syndicat du personnel de la douane et des gardes-frontière (garaNto), l’Association du personnel de l’Office fédéral de la police (APfedpol) – réagit immédiatement en envoyant une lettre aux membres des deux Chambres. Dans cette lettre, elle demandait instamment aux député(e)s qu’ils suivent une politique du personnel responsable et que le résultat des négociations entre les partenaires sociaux soit respecté. Avançant des arguments soigneusement choisis, les syndicats soulignaient les raisons expliquant la hausse des frais de personnel – les décisions prises au niveau politique – et corrigeaient la fausse « vérité », répandue par d’aucuns, d’un renchérissement qui serait « surcompensé ».
Logique, le Conseil des États traita alors le budget comme la concrétisation évidente de décisions démocratiquement prises et fut unanime à refuser les coupes claires voulues par l’extrême droite. Cette attitude conforta aussi le Conseil fédéral qui, par la bouche de Madame Eveline Widmer-Schlumpf, appela à la raison. Mais, une nouvelle fois, elle n’obtint que le soutien de la minorité de gauche de la commission du Conseil national, alors que le « nouveau centre » cherchait des pseudo-compromis. Et finalement, le Conseil national basculait, par 86 voix contre 82, du côté de la raison et du sérieux en matière de politique budgétaire. Les emplois et les mesures salariales sont désormais garantis.
Ainsi, l’engagement des syndicats du personnel de la Confédération a payé. Espérons que la majorité raisonnable des Chambres respectera à l’avenir la valeur du travail et l’efficience des employé(e)s de la Confédération et que les préjugés réchauffés seront remisés dans le placard à balais de la politique.