Le rejet sans équivoque de l’initiative de résiliation est un Oui résolu à une voie bilatérale qui a fait ses preuves. Concrètement, c’est aussi un Oui à la libre circulation des personnes avec une bonne protection des salaires. Ce résultat est déterminant pour l’avenir des relations bilatérales avec l’Union européenne (UE). La Suisse soutient les bilatérales. Mais elle ne veut pas d’un démantèlement de la protection des salaires ni des détériorations que ce démantèlement entraînerait pour la population.
Aujourd'hui, le peuple suisse a confirmé son attachement à la voie bilatérale ainsi qu’à la libre circulation des personnes combinée à des mesures d'accompagnement fortes – contrairement au Royaume-Uni, qui a décidé de quitter l'UE il y a quatre ans. Ce résultat positif montre qu'une bonne coopération avec l'UE est la bienvenue si elle est porteuse de progrès social et si les préoccupations concrètes des citoyennes et citoyens sont également prises en compte. Les mesures d'accompagnement constituent une condition essentielle à cet égard. La Suisse a les salaires les plus élevés d'Europe, c'est pourquoi elle a besoin d'une protection salariale appropriée.
L’engagement sans précédent des syndicats dans cette campagne a par ailleurs donné au Conseil fédéral, aux partenaires sociaux et à beaucoup d’autres protagonistes politiques l’occasion de se prononcer clairement en faveur des mesures d’accompagnement, des mesures qui ont renforcé de façon significative la confiance dans la voie bilatérale. Dans ce débat, la large coalition du Non a fait face ouvertement aux questions et inquiétudes légitimes de la population. Pas besoin de peindre le diable sur la muraille ni d’enjoliver les choses : il faut simplement des solutions concrètes pour les gens qui travaillent. Et les syndicats ont réussi à les exposer de manière crédible. L’USS se sent renforcée dans cette position et continuera de la défendre, car elle constitue le socle sur lequel la voie bilatérale reposera aussi à l’avenir.
Sous couvert d’une limitation de l’immigration, les initiant-e-s voulaient en réalité réintroduire des statuts de séjour précaires, supprimer tous les instruments de lutte contre la sous-enchère des conditions de travail et des salaires et attaquer le large consensus qui sous-tend le marché du travail suisse : des partenaires sociaux forts et le développement des conventions collectives de travail. Le vote d’aujourd’hui stoppe net ces velléités.
Un résultat réjouissant pour le président de l’USS Pierre-Yves Maillard : « La protection des salaires et, d’une manière générale, les mesures d’accompagnement sortent renforcées de cette votation ». Quant à la question de l’accord-cadre avec l’UE, il ne laisse la place à aucune ambiguïté : « L’USS rejette un accord-cadre qui menace la protection salariale autonome et le service public. L’accord sous sa forme actuelle doit être renégocié ».