La campagne des syndicats contre Ecopop a été solide et bien visible, tant à l’interne que vis-à-vis du public. Cela a certainement joué un rôle dans le résultat clair de la votation. Une raison pour dresser brièvement un bilan.
Le premier point à noter est que le contexte des prochaines négociations complexes avec l’Union européenne (UE) n’est plus le même depuis le 30 novembre 2014. Le non à Ecopop n’est pas seulement un non adressé à une initiative xénophobe habillée de vert. Le résultat très net de ce scrutin peut aussi être compris comme un refus de rompre avec les Accords bilatéraux.
Souvenons-nous : après le 9 février, le maintien de ces accords n’était plus si évident suite au oui à l’initiative « Contre l’initiative de masse ». Si l’UDC avait souligné avant la votation que son initiative ne mettrait pas en danger ces derniers – entre autres dans le journal de votation distribué à toute la population suisse –, chacun(e) sut tout à coup, après le 9 février, qu’il en allait en fait différemment. Subitement, tout se trouvait remis en question : des Accords bilatéraux aux Droits humains. Avec des résonnances parfois inquiétantes dans la Berne fédérale.
Petit pays au centre de l’Europe, doté d’une économie fortement interdépendante au plan international, la Suisse a besoin de relations structurées avec l’UE, dont les Accords bilatéraux constituent la base. Et demain ne sera pas différent d’hier à cet égard. Le but des négociations avec l’UE doit par conséquent être de maintenir ces accords.
Rétrospectivement, il faut comprendre le résultat du 9 février d’abord comme le signe d’une protestation : si la seule catégorie des 50 – 60 ans a décidé de l’issue du vote, les graves problèmes exprimés de la sorte doivent être pris au sérieux. Les difficultés et, bien plus encore, les craintes de cette catégorie des travailleurs et travailleuses âgés, comme on les appelle, ont pris une ampleur inquiétante. Il faut y trouver des réponses crédibles. Mais, après le 30 novembre, on ne peut plus en déduire que les Accords bilatéraux doivent être remis en question.
À toutes les votations qui ont eu lieu depuis l’an 2 000 à ce sujet, les citoyen(ne)s ont dit clairement oui aux accords conclus avec l’UE. La seule exception est la votation du 9 février sur l’initiative de l’UDC. Mais il y a une différence importante : toutes les votations gagnées avant le 9 février incluaient des mesures de protection des salaires et des emplois, des mesures qui ont fait défaut le 9 février. Il est donc évident que les mesures sociales de protection seront à nouveau déterminantes lorsque l’on votera dans un avenir prévisible sur le maintien des Accords bilatéraux.
C’est pourquoi il faut qu’à l’avenir les positions soient claires et que les syndicats s’engagent dans ce sens. Le programme en trois points que le congrès de l’USS a confirmé en octobre dernier garde toute sa pertinence. Premièrement, les Accords bilatéraux doivent être maintenus. Deuxièmement, on n’a pas le droit d’en arriver à discriminer à nouveau une partie de la main-d’œuvre. Et troisièmement, la protection des salaires et des emplois doit être améliorée et non démantelée. Après le 30 novembre, la perspective d’une réalisation de ces revendications est clairement meilleure qu’elle ne l’était avant.