On tombe plus rapidement malade si l'on travaille régulièrement plus que 40 heures par semaine. Et cette réalité est encore plus prononcée pour les femmes. Le Parlement veut désormais introduire la semaine de 80 heures et abolir la saisie du temps de travail, ce qui pourrait s'avérer désastreux pour la santé de nombreux salarié-e-s. L'" Alliance contre le stress et le travail gratuit " combat ce projet dangereux !
Deux études publiées récemment [1] [2] montrent que chaque heure travaillée au-delà d'un volume de travail de 40 heures nuit à la santé. Et c'est particulièrement vrai pour les femmes cumulant les charges comme le travail de soins et d'assistance (" care ") !
Pour ces enquêtes, 7065 Canadiennes et Canadiens ont été suivis pendant douze ans. Le résultat est effrayant : le risque de développer un diabète était de 63% chez les participantes travaillant régulièrement 45 heures par semaine ou plus ! Ces femmes ont été comparées à des volontaires travaillant entre 35 et 40 heures : celles-ci ne présentaient pas un tel risque.
Même une légère augmentation du temps de travail a un effet sur la santé, selon l'étude : en ajoutant une heure au temps de travail hebdomadaire, le nombre de visites chez le médecin a augmenté de 13 %. Et la perception de son propre état de santé s'est détérioré de 2 % à cause de l'augmentation du temps de travail.
Double stress
Les chercheurs et chercheuses ont démontré que le " facteur fatal " est à chercher du côté des heures (supplémentaires) de travail. D'autres facteurs nuisibles pour la santé ont été vérifiés : le résultat n'a pas changé de manière significative lorsque des facteurs comme le tabagisme, la consommation d'alcool, le manque de mouvement ou un indice de masse corporelle accru ont été ajoutés !
L'étude montre que toute forme de travail au-delà de 40 heures par semaine tend à être néfaste. Mais pour les femmes, ce risque est encore plus élevé. Trop souvent, elles assument, outre un travail rémunéré, la plus grande partie du travail non rémunéré, que l'on appelle le travail de " care , comme par exemple s'occuper d'enfants ou de proches. Cela implique un double stress pour les femmes, avec les effets en conséquence sur leur santé.
L'inégalité salariale entre femmes et hommes (écart salarial genré) vient s'ajouter aux facteurs mentionnés ci-dessus : les femmes gagnent moins, en général, pour le même travail, mais aussi parce qu'elles ont plus souvent des emplois mal rémunérés. Tout cela entraîne un stress supplémentaire, avec là aussi des répercussions négatives sur la santé.
Non à la semaine de 80 heures !
Malgré ces constats limpides et basés sur des faits, les partis de droite en Suisse veulent supprimer pour une grande partie des employé-e-s toutes les dispositions de protection contre le stress et l'épuisement professionnel (" burnout ") prévues dans droit du travail. La révision en cours impliquerait pour de nombreux employé-e-s que la semaine de 80 heures, et même le travail dominical, deviendraient obligatoires sur demande de l'employeur. La saisie du temps de travail pourra aussi être complètement abolie : Adieu, le contrôle du temps de travail !
Avec ses partenaires de l'" Alliance contre le stress et le travail gratuit ", l'USS se défendra contre ces propositions scandaleuses, par voie de référendum si nécessaire !
Alliance contre le stress et le travail gratuit :
Union syndicale suisse (USS), Travail.Suisse, Société suisse de médecine du travail (SSMT), Association suisse des employés de banque (ASEB), Fédération Suisse des Associations professionnelles du domaine de la Santé (FSAS), Association suisse des médecins-assistant-e-s et chef-fe-s de clinique (ASMAC), ainsi que les syndicats Syna, syndicom, Unia et SSP