Les acteurs culturels ont souvent des revenus très bas et de graves lacunes dans leur protection sociale. L’Union syndicale suisse (USS) s’engage avec ses fédérations actives dans la culture pour que dans le cadre de la politique culturelle nationale, les rémunérations équitables soient encouragées et que les acteurs culturels bénéficient d’une protection sociale accrue – notamment dans l’AVS et l’assurance-chômage. Quant aux nouvelles offres de conseil et de services envisagées, elles n’atteindront les objectifs visés que si les associations culturelles sont d’emblée étroitement associées à leur mise en place.
Le Conseil fédéral a décidé aujourd’hui d’ériger « la culture, un environnement professionnel » en champ d’action prioritaire de la politique culturelle nationale des quatre années à venir. L’USS approuve expressément cette décision. Durant la dernière décennie, outre que le nombre d’acteurs culturels a fortement augmenté, les emplois atypiques se sont multipliés dans le secteur. Les contrats de projet à durée déterminée, les emplois à temps partiel et les occupations multiples sont le pain quotidien des acteurs culturels. Ces personnes ont fréquemment des revenus très bas et une protection sociale réduite. En 2019, une étude a révélé que près de 60 % des acteurs culturels gagnaient moins de 3075 francs par mois (x13). Les chiffres de l’année dernière sont encore plus choquants : dans les arts de la scène, 86 % des intermittents professionnels ont indiqué ne pas pouvoir vivre de leur activité artistique. Sans surprise, les rentes de vieillesse sont extrêmement basses et la prévoyance professionnelle lacunaire. Les travailleurs culturels ne sont pas non plus correctement assurés contre les pertes de gain en cas d’accident, de maladie, de chômage voire de maternité.
Les associations de créateurs culturels s’avèrent essentielles pour garantir à leurs membres de bonnes conditions de travail, des revenus décents et l’accès à la sécurité sociale. Encore faut-il que leurs salaires conventionnels et leurs recommandations en matière de gages et d’honoraires soient dûment respectés. La promotion culturelle nationale doit prévoir ici les garanties nécessaires. Pour ce qui est de la sécurité sociale, l’USS approuve la proposition d’étendre les dispositions applicables aux acteurs culturels dans l’AVS ainsi que l’offre de conseil en place. Or il faut aussi trouver des solutions pour mieux couvrir dans l’assurance-chômage les acteurs culturels dont le taux d’occupation tend à diminuer au fil du temps. Ces personnes sont de fait exclues aujourd’hui de tout droit à des indemnités de chômage. Quant au centre de conseil et de services pour les acteurs culturels envisagé au niveau national, il faudrait concrétiser cette idée en collaboration avec les associations professionnelles. Elles disposent d’une expérience irremplaçable et de connaissances approfondies du secteur. Il faut donc se garder de court-circuiter les offres de conseil spécialisé en place au niveau régional et dans des branches spécifiques.
Par ailleurs, les syndicats critiquent avec véhémence les réductions que le plafond de dépenses initialement prévu pour la mise en œuvre du message culture a subies entre-temps à trois reprises : la coupe linéaire de 2 % du budget 2024 a été suivie d’une réduction du rythme de croissance des dépenses culturelles, et une troisième coupe s’annonce à hauteur de 1,4 % par rapport à ce qui figure dans l’avant-projet du message culture. Avec un tel plafond de dépenses, il est impensable de réaliser tous les projets concrets prévus afin d’atteindre les nombreux objectifs, parfois nouveaux, de politique culturelle fixés pour la prochaine période d’encouragement. Les syndicats demandent par conséquent de renoncer aux coupes prévues.