La crise du coronavirus a fait mal à l’économie suisse et les traces qu’elle laisse sont déjà importantes : le taux de sous-emploi a grimpé d’environ 4 % et les personnes gagnant moins de 4000 francs subissent les plus grosses pertes de revenu. Ce sont aussi elles qui risquent le plus de perdre leur emploi. Il faut de toute urgence prendre des mesures de stabilisation pour empêcher de nouveaux licenciements. Les personnes les moins bien payées doivent toucher une compensation de 100 % en cas de chômage partiel. Et il faut améliorer la protection de la santé sur les lieux de travail à travers des plans de protection obligatoires et davantage de contrôles.
Sous-emploi et pertes de revenu
La deuxième vague de la pandémie de coronavirus a déjà laissé ses traces sur notre économie. Le sous-emploi directement dû à la crise sanitaire a déjà atteint environ 4 points de pourcentage. 1,5 points correspondent aux demandeurs et demandeuses d’emploi supplémentaires et 2,5 à 3 points représentent le volume de réduction d’heures de travail (chômage partiel). En tout, cela correspond à quelque 150 000 à 200 000 emplois à plein temps.
Les personnes les moins bien payée sont surreprésentées : elles sont plus souvent au chômage partiel et plus souvent aussi au chômage tout court. Pour les ménages disposant d’un revenu inférieur à 4000 francs, la perte de revenu dans cette crise est de 19 % en moyenne !
Préserver les revenus et le pouvoir d’achat
De telles pertes entraînent rapidement de graves difficultés financières pour les personnes à bas revenu, qui se répercutent en outre directement sur la consommation. Ceci ne fait qu’aggraver la situation des branches déjà frappées de plein fouet par la crise.
Pour cette raison, l’USS appelle à augmenter à 100 % du salaire les indemnités de chômage partiel pour les bas salaires. Cette mesure permettrait d’une part de résoudre les difficultés des personnes concernées, mais aussi de redonner un élan à la conjoncture.
Par ailleurs, il est plus que temps de procéder à la redistribution des quelque 5 milliards de francs de réserve excédentaires des caisses-maladie. Ces réserves devront de toute façon tôt ou tard être redistribuées. Il n’y a pas de meilleure occasion de le faire alors que nous traversons une récession.
Garantir les emplois
Cette deuxième vague de la pandémie met même en péril les entreprises en bonne santé. Le risque d’une nouvelle forte hausse du taux de chômage est important.
La possibilité de recourir au chômage partiel doit être de toute urgence étendue aux contrats à durée déterminée. C’est crucial notamment pour le secteur de la culture ainsi que pour la branche de l’hôtellerie-restauration. Parallèlement, il faut accélérer et étendre aussi les mesures prévues pour les cas de rigueur. Pour cela, il faut au moins un milliard de francs et l’élaboration et la mise en œuvre rapide de lois dans ce sens dans les cantons où elles n’existent pas encore. Enfin, l’État doit trouver une solution pour les loyers commerciaux. Pour nombreuses entreprises, les loyers représentent, avec les frais de personnel, un des postes les plus importants au budget. Sans une solution pour les loyers, elles feront faillite malgré le chômage partiel.
Pour éviter aux chômeurs et chômeuses d’arriver en fin de droit, les périodes d’indemnisations et les délais-cadres doivent être prolongés. Il est actuellement très difficile de trouver un emploi dans certaines branches. Par ailleurs, le chômage augmente de manière préoccupante chez les travailleuses et travailleurs plus âgés.
Améliorer la protection de la santé au lieu de travail
Lorsqu’ils sont bien conçus et bien mis en œuvre, les plans de protection permettent de limiter de façon significative les contaminations au lieu de travail. Ces plans peuvent aussi contribuer à relancer la vie sociale en permettant aux gens d’aller sans crainte au restaurant, au théâtre, mais aussi au travail. C’est pourquoi l’USS demande que le plan de protection soit obligatoire pour toute entreprise : ces plans devraient être élaborés par chaque entreprise ou association de branche en collaboration avec les organes d’exécution. De plus, l’activité de conseil et de contrôle doit être nettement intensifiée. Les moyens au sens de la loi Covid-19 existent et peuvent être sollicités auprès de la Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail (CFST).