La nouvelle loi sur le renseignement (LRens) accroît considérablement les pouvoirs du Service de renseignement de la Confédération. Désormais, ce dernier pourrait, sans soupçons fondés, pénétrer dans la sphère privée des gens. L’Union syndicale suisse (USS) n’est pas d’accord et appelle à dire NON à la LRens. Nous n’avons pas besoin d’un nouveau scandale des fiches.
Il va de soi que des terroristes et le crime organisé peuvent être actifs dans notre pays. Nous devons y faire face efficacement, à travers le Ministère public de la Confédération et les polices cantonales, qui disposent des moyens adéquats, tout en devant respecter la loi.
Les compétences que la nouvelle LRens veut accorder au Service de renseignement de la Confédération reviennent par contre à prendre tout le monde en point de mire. Tout le monde serait en effet surveillé, pas seulement les criminels. Si le Service de renseignement de la Confédération peut espionner sans restriction aucune, les courriels, Facebook, WhatsApp et les textos, ainsi que filtrer Internet, alors c’est nous tous et toutes qui sommes concernés ! D’innombrables données personnelles seront enregistrées et analysées, sans que nous le sachions. Et, c’est grotesque mais probable, le Service de renseignement de la Confédération, perdu dans un océan sans fin de données, deviendrait moins efficace et perdrait de vue ses vrais objectifs …
La politique du laisser-faire en matière de renseignements est la meilleure manière d’en arriver à un nouveau fichage de masse de la population. Au 20e siècle, des milliers de syndicalistes actifs ont été fichés parfois durant des dizaines d’années. Être combattif en tant que syndicaliste revenait à être fiché et surveillé ! Un voyage en Allemagne de l’Est revenait à être fiché comme potentiel terroriste. Passer une nuit dans une communauté d’habitation revenait à être fiché et à faire l’objet d’une enquête afin de déterminer qui l’on avait peut-être rencontré en de tels lieux.
Nous ne devrions pas ouvrir de porte qui nous ferait à nouveau prendre cette direction. Les interventions en plan pénal suffisent. D’autant plus que le Code pénal dispose de moyens pour intervenir aussi avant un attentat terroriste.