Le 14e Congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) s’est déroulé du 21 au 24 mai à Vienne. Les deux organisations faîtières suisses USS et Travail.Suisse y ont pris part et se sont engagées activement pour une Europe plus sociale. Preuve en est qu’à la demande des syndicats suisses et des confédérations autrichienne et tchèque, la CES a intégré dans son programme une meilleure protection de la main d’œuvre détachée contre la sous-enchère salariale et sociale. Les instruments en vigueur jusqu’ici se sont avérés insuffisants, notamment au vu de la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) concernant la proportionnalité des mesures nationales contre la sous-enchère.
La conception d’une Union européenne (UE) sociale était au cœur du Congrès de la CES, une confédération qui représente pas moins de 45 millions de membres syndiqués dans 39 pays européens. À la veille des élections au Parlement européen, il est de plus en plus évident que le projet européen doit opérer un véritable virage social et bénéficier aux travailleurs et travailleuses s’il veut survivre après le Brexit et les divers succès électoraux populistes. L’UE en prend d’ailleurs le chemin, comme le montre la décision de rendre obligatoire d’ici deux ans un congé paternité d’au moins deux semaines et de deux mois de congé parental pour chacun des deux parents dans tous les États membres de l’UE.
Le nouveau président de l’Union syndicale suisse (USS) Pierre-Yves Maillard et Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse et conseiller national, ont représenté les travailleurs et travailleuses suisses au Congrès de la CES. Tous deux ont été élus au Comité de la CES. Dans son intervention devant le Congrès, Pierre-Yves Maillard a remercié la CES et les divers syndicats européens de leur soutien dans la lutte pour le maintien des mesures d’accompagnement suisses. « Nous nous engageons pour les personnes qui travaillent en Suisse, quel que soit leur passeport ou leur domicile. De concert avec les syndicats européens, nous affirmons que rien ne saurait justifier une baisse de salaire. Nous protégeons les salaires et pas les frontières », a-t-il déclaré.
Adrian Wüthrich a abondé dans le même sens : « Les mesures d’accompagnement telles qu’elles ont été élaborées en Suisse doivent servir de modèle pour l’UE : une protection active des salaires est souhaitable pour toute l’Europe. La collaboration transfrontalière pour contrôler les salaires en fait partie. C’est pourquoi la Suisse doit rester ferme sur les la protection des salaires dans l’accord-cadre et participer dès le début à l’Autorité européenne du travail. »
La CES aussi estime que la réglementation de l’Union européenne doit se développer dans le sens des mesures d’accompagnement suisses et pas l’inverse.
Les syndicats suisses s’engagent ensemble pour une Europe sociale
- Droit du travail
- Mesures d’accompagnement / libre circulation des personnes