Lors de l’audition devant le Parlement européen, la Fédération internationale de football (FIFA) a reconnu que la situation des travailleurs migrants employés à la construction des infrastructures de la Coupe du monde de football au Qatar était inacceptable. La FIFA n’a toutefois pas saisi cette occasion pour demander à ce pays de renoncer à son système esclavagiste de visa dit « kafala »
Ainsi, les droits des travailleurs qui construisent les infrastructures de la Coupe du monde de football de 2022 continueront à être foulés aux pieds. Car les normes de protection présentée par les autorités qataries ne sont pas en mesure d’améliorer substantiellement la situation des travailleurs migrants. Ces derniers continueront donc à être privés des droits fondamentaux des travailleurs et travailleuses et resteront ainsi livrés sans défense à leurs employeurs.
Le Qatar veut en particulier maintenir son système de kafala. Ce système interdit aux travailleurs de changer d’emploi ou de quitter le pays sans l’accord de leurs employeurs. La promesse faite aujourd’hui d’autoriser la liberté de mouvement n’est qu’un simulacre. En effet, elle ne peut pas être juridiquement tenue si le système de kafala est maintenu. Les employeurs contrôlent de ce fait entièrement leurs employés.
S’y ajoute que les travailleurs n’ont aucunement le droit de s’exprimer collectivement sur leurs salaires et conditions de travail. Le Qatar ne prévoit pas de leur donner une voix ou une représentation au travail. Les préposés à la protection prévus, qui seront désignés par les employeurs, ne peuvent pas remplacer une vraie représentation de la main-d’œuvre.
Et les mesures destinées à améliorer la sécurité au travail sont insuffisantes. Ainsi, rien n’est prévu pour résoudre le problème de la chaleur dans un pays où, ne l’oublions pas, les travailleurs doivent trimer la moitié de l’année avec des températures qui peuvent aller jusqu’à 50° Celsius. Étant donné ces dispositions totalement insuffisantes en matière de sécurité au travail, la secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), Sharan Burrow, a parlé un langage clair devant le Parlement européen : « Selon nos estimations, qui reposent sur des chiffres prudents concernant les cas de décès de travailleurs népalais et indiens au Qatar, 4 000 travailleurs auront perdu la vie à cause de leurs conditions de travail avant que le coup d’envoi ne soit donné à la Coupe du monde de football. »
La CSI veut entendre du président et du comité exécutif de la FIFA comment cette dernière va garantir qu’il n’y aura de Coupe du monde de 2022 que si le système de kafala est supprimé et les droits des travailleurs améliorés, a encore dit Sharan Burrow. L’Union syndicale suisse (USS) se rallie à ces demandes faites par la CSI et de nombreuses organisations d’aide au développement, et exige de la FIFA qu’elle fasse enfin en sorte que les coupes du monde soient conformes à la dignité humaine.
Renseignements
- Thomas Zimmermann (079 249 59 74), responsable de la communication de l’USS