Les provocations contre les salarié(s) de Suisse s'enchaînent. Après l'attaque sans précédent des conseillers fédéraux libéraux-radicaux contre la protection pourtant éprouvée des salaires suisses, la Commission de l'économie du Conseil des États tire aujourd'hui la deuxième salve contre les intérêts élémentaires des salarié(e)s. Dans son viseur : la durée maximale du travail et l'enregistrement de la durée du travail. Au cas où cette attaque devait passer le cap des débats parlementaires, l'Union syndicale suisse (USS) la combattra par référendum.
Selon la révision de la loi sur le travail (LTr) tout juste mise en consultation, les spécialistes et les cadres doivent être exclus des dispositions protectrices sur le temps de travail. La protection contre l'épuisement professionnel et le travail gratis serait ainsi supprimée pour près de 40 % des salarié(e)s, soit 1,4 million de personnes.
Ce sont les critères proposés pour la suppression de l'enregistrement du temps de travail qui expliquent le grand nombre de personnes concernées. Les règles s'appliquent aux cadres et aux spécialistes ayant un " pouvoir de décision important " et une "grande autonomie". Il ne s'agit pas de catégories juridiques. L'employeur ou l'employeuse disposera donc d'une grande marge de manœuvre pour définir les profils d'emploi de sorte à ce que les travailleurs et travailleuses ne soient plus couverts par les dispositions de protection. Et il y a aussi un problème d'exécution : sans enregistrement du temps de travail, les inspecteurs et inspectrices du travail ne pourront plus vérifier si les règles de protection comme le repos nocturne, l'interdiction de travailler le dimanche et les pauses, sont respectées.
La santé des travailleurs et travailleuses serait particulièrement menacée par la suppression de la durée hebdomadaire maximale de travail et du nombre maximal d'heures journalières supplémentaires, ainsi que par la levée de l'interdiction du travail dominical. Toutes ces libéralisations auraient pour résultat que les salarié(e)s concernés devraient travailler beaucoup plus longtemps. La journée de travail de 17 heures deviendrait la norme. Et la vie familiale serait perturbée par le travail du dimanche pour encore davantage de monde en Suisse. Les études sur la santé au travail montrent clairement que de longs horaires de travail augmentent le risque de maladies cardiovasculaires, de cancer, d'arthrite, de diabète et de maladies psychiques. Selon la Société suisse de médecine du travail, la révision de la LTr entraînerait aussi une augmentation des absences pour cause de maladie, et donc des coûts pour les employeurs et employeuses ainsi que la société. De plus, un nombre croissant de personnes quitterait la vie active plus tôt et les femmes auraient encore plus de mal à trouver un emploi à temps plein.
Toutes ces conséquences négatives expliquent que les syndicats organiseront un référendum contre cette révision de la LTr. Ils rassembleront la majorité de la population derrière eux. Parce que les journées de travail de 17 heures, l'augmentation du travail gratis et un repos dominical de plus en plus souvent perturbé seront rejetés par un large front.
RENSEIGNEMENTS:
- Paul Rechsteiner, président de l'USS, 079 277 61 31
- Luca Cirigliano, secrétaire central de l'USS, 076 335 61 97
- Prof. Dr. Brigitta Danuser, Société suisse de médecine du travail (SSMT), 076 339 84 46
- Vania Alleva, présidente d'Unia, 079 620 11 14
- Stefan Giger, secrétaire général du SSP, 079 296 77 07