Tout récemment, à Marbach dans le canton de Saint-Gall, un des cas les plus crasses de sous-enchère salariale a été découvert. Chicorée Suisse cherche dans cette région des collaborateurs et collaboratrices devant travailler 50 heures par semaine debout pour un salaire de 12,50 francs de l’heure ; soit un salaire de misère net de moins de 2000 francs par mois. Ce qui rend cette exploitation d’êtres humains encore plus grave, c’est qu’elle figure dans la bourse des emplois de l’office régional de placement…
Plutôt que de faire de la publicité à un dumping de cet acabit, les autorités devraient s’y attaquer concrètement. Avec l’initiative de l’Union syndicale suisse (USS) sur les salaires minimums, pareils agissements ne seraient plus tolérés. Elle demande en effet que plus personne en Suisse ne gagne moins de 22 francs de l’heure, c’est-à-dire 4000 francs par mois. Environ 400 000 personnes profiteraient de ce salaire minimum, une majorité de femmes, car elles sont particulièrement victimes de discriminations salariales.
Mais les personnes « rétribuées » avec la plus grande parcimonie ne sont pas les seules à pâtir de la pression qui s’exerce sur les salaires. Cette dernière touche aussi les salarié(e)s ordinaires. De fait, toujours plus d’entreprises externalisent certaines activités à des entreprises qui rémunèrent moins bien leur personnel que ce n’était le cas avant l’externalisation. Ou alors, elles occupent du personnel temporaire bon marché. En outre, les hausses de salaire accordées ne sont pas à la hauteur de ce qui serait justifié. Tout cela pèse sur les paies des employé(e)s « normaux ».
Pour que tous les salaires soient protégés, l’initiative de l’USS demande, en plus d’un salaire minimum légal, que l’on encourage l’inscription dans les conventions collectives de travail de salaires minimums. Ceux-ci garantissent en effet que les personnes concernées touchent les salaires usuels dans leur profession ou branche.
Ces deux buts de l’initiative sont largement acceptés dans la population, comme cela apparaît lors des récoltes de signatures. Les journées d’actions de fin mars/début avril ont donc été logiquement fructueuses. Des milliers de signatures ont été récoltées si bien que l’initiative a, en peu de temps, déjà franchi la barre des 40 000 signatures.