La décision par le Royaume-Uni de sortir de l'Union européenne (UE) place le projet européen face à de grands défis. Pour la comprendre, nous devons tenir compte du fait que cet État insulaire entretient historiquement une relation particulière avec l'UE de laquelle il avait exigé des réglementations spéciales (ni euro ni Schengen, etc.). En outre, l'absence, contrairement à ce qui est le cas dans les autres États de l'UE à forts revenus, de mesures d'accompagnement efficaces pour protéger les salaires et les conditions de travail dans ce pays doit sans doute aussi avoir joué un rôle.
La décision des citoyen(ne)s britanniques ne change rien au fait que la Suisse doive maintenir les Accords bilatéraux conclus avec l'UE. Nos voisins, soit les principaux pays où vont nos exportations, sont tous membres de l'UE. La Suisse a besoin de relations stables et clairement définies avec ces pays. Le Brexit montre toutefois que les votations de politique européenne ne peuvent être gagnées que si la population a l'impression qu'elle va en profiter. À cet égard, du travail doit encore être fait en Suisse. La protection des salaires et celle des travailleurs et travailleuses âgés doivent être améliorées. Il faut en outre que l'on prenne des mesures pour que famille et profession puissent mieux être conciliées, et pour améliorer la formation initiale et continue.
Il faut désormais s'attendre à ce que les discussions avec l'UE sur l'article constitutionnel 121a restent suspendues. Ce fait ne doit cependant pas être surestimé. En effet, l'article 14(2) de l'Accord sur la libre circulation des personnes (ALCP), sur lequel se basent ces discussions, ne prévoit que des mesures temporaires avec l'accord de l'UE. Pour améliorer la situation des salarié(e)s de Suisse, il faut toutefois - comme dit plus haut - que des mesures efficaces soient prises sur la durée. La Suisse peut introduire sans problème de telles mesures, même avec l'ALCP, pour autant qu'elles ne soient pas discriminatoires, à savoir que leur application ne dépende pas de la nationalité des personnes concernées.
Le danger immédiat du Brexit pour notre pays vient des marchés financiers. L'Union syndicale suisse (USS) attend de la Banque nationale qu'elle combatte l'appréciation du franc et empêche par là que la décision britannique ne nuise à l'économie suisse.
Ces prochains jours, des idées vont certainement être présentées en Suisse selon lesquelles il s'agirait de créer une sorte de nouvelle AELE avec le Royaume-Uni à titre de contre contre-projet à l'UE. Or cette idée ne permettrait pas d'atteindre le but visé, ni politiquement ni économiquement. Cela, entre autres parce que la part des exportations suisses à destination du Royaume-Uni est, avec 4,5 %, relativement faible
renseignements
- Daniel Lampart, premier secrétaire de l'USS, 079 205 69 11
- Thomas Zimmermann, responsable de la communication de l'USS, 079 249 59 74
- Matthias Preisser, service de la communication de l'USS, 031 377 01 24