La pression sur les salaires est malheureusement une réalité en Suisse. Le rapport de l’Observatoire sur la libre circulation des personnes publié mardi 11 juin le montre bien. Les résultats des contrôles des salaires font apparaître que des employeurs essaient de recruter de la main-d’œuvre « bon marché » à l’étranger. Dans les branches qui connaissent des conventions collectives de travail (CCT) étendues, c’est-à-dire de force obligatoire, il est possible d’infliger des amendes et de demander des comptes aux employeurs qui versent des salaires trop bas. Si les mesures d’accompagnement sont appliquées de manière conséquente, il est alors possible d’imposer les salaires suisses dans ces branches.
La situation est beaucoup plus problématique dans les branches sans protection, à savoir sans CCT ni salaires minimums. Environ 50 % des travailleurs et travailleuses sont concernés, par exemple dans le commerce de détail, l’horticulture, l’informatique et le journalisme, mais aussi dans certaines professions comme celle de musicien(ne). Les contrôles des salaires ont permis de constater qu’un employeur sur dix versait des salaires trop bas. Dans les faits, ce chiffre devrait être encore plus élevé, car certains cantons, comme celui de Zurich pour l’horticulture, effectuent leurs contrôles sur la base de salaires de référence trop bas. Il est inquiétant de voir que le recrutement de main-d’œuvre de l’Union européenne par des employeurs de Suisse a surtout augmenté dans ces branches sans protection. Et il est étonnant que, pour ces branches, le rapport de l’Observatoire ne mentionne que peu d’indices de l’existence de pressions sur les salaires. La raison doit en être, entre autres, les grilles interprétatives trop grossières qui ont été utilisées. En effet, dans les études sur l’évolution des salaires, les branches protégées et celles qui ne le sont pas sont analysées sans être différenciées.
Que les pressions sur les salaires dans les branches sans protection soient un problème, on le voit dans le fait que, selon l’Observatoire, les salaires des personnes titulaires d’un diplôme de degré tertiaire (p. ex. formation professionnelle supérieure, haute école spécialisée) sont désormais sous pression. Or, ils ne sont la plupart du temps pas protégés.
Comparée à ce qui existe dans les petits pays européens où les salaires sont élevés (Autriche, Benelux, pays nordiques), la protection des salaires en Suisse est sous-développée. La Suisse doit donc encourager la conclusion de CCT et veiller à ce que le niveau des salaires soit protégé dans toutes les branches à l’aide de salaires minimums. Les obstacles à franchir pour étendre une CCT ou édicter un contrat-type de travail doivent être abaissés. En outre, l’application des mesures d’accompagnement doit être amélioré et les contrôles, surtout dans les régions frontalières, intensifiés. C’est le seul moyen qui permet de garantir que les Accords bilatéraux profitent aux salarié(e)s du pays et qu’en Suisse, on verse des salaires suisses.
renseignements
- Daniel Lampart, 079 205 69 11, premier secrétaire et économiste en chef de l’USS
- Thomas Zimmermann, 079 249 59 74, responsable de la communication et porte-parole de l’USS
Documents
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