Les choses bougent à l’Organisation internationale du Travail (OIT) en matière de reconnaissance du droit de grève. Cela, après le succès rencontré par la journée mondiale de défense du droit de grève du 18 février.
Les représentant(e)s des employeurs à l’OIT ne veulent certes pas reconnaître le droit de grève explicitement mais comme découlant de la convention n° 87 de l’OIT sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical. Selon des informations de la représentation des travailleurs et travailleuses, les instances tripartites de l’OIT se sont mises d’accord sur ce compromis qui correspond du reste largement à l’ancienne pratique. Cet accord a été trouvé après la journée mondiale de défense du droit de grève à laquelle la Confédération syndicale internationale (CSI) avait appelé le 18 février dernier et à laquelle l’Union syndicale suisse (USS) et les syndicats avaient participé à travers une action à Genève.
Le contexte dans lequel a eu lieu ce conflit sur le droit de grève est le fait qu’à l’OIT, ce droit n’est nulle part mentionné explicitement. Mais, jusqu’à ce jour, toutes les parties, soit les représentant(e)s des États, des employeurs et des travailleurs, acceptaient une reconnaissance implicite de ce droit syndical élémentaire comme découlant de la convention n° 87 de l’OIT. Ces dernières années cependant, l’Organisation internationale des employeurs (OIE) a toujours plus remis cette reconnaissance implicite en question. Avec les graves conséquences que cela suppose, elle ne voulait plus que les instances de l’OIT traitent les violations du droit de grève, en particulier la Commission de l’application des normes. C’est pour mettre fin à ce blocage que la CSI a organisé pour la première fois, le 18 février, la journée mondiale de défense du droit de grève déjà citée.
Lors de la réunion ad hoc des 24 et 25 février, les États se sont ensuite mis d’accord sur la position de la représentation des travailleurs, un pas important vers le retour à la normale et à une nouvelle reconnaissance du droit de grève. La réponse à la question de savoir si, à l’avenir, la Commission de l’application des normes sera à nouveau prête à traiter des cas de violation du droit de grève et de prendre des décisions à ce sujet montrera si les employeurs sont sérieux. Les prochaines délibérations de la commission auront lieu en juin. Au plus tard à ce moment, on connaîtra clairement quelle est vraiment leur position.