Le travail temporaire est potentiellement une forme de travail précaire. Les employé-e-s sont inscrits dans une agence de travail temporaire et sont loués par celle-ci à une entreprise de mission, la plupart du temps pour une durée limitée. La majorité de ces personnes sont en réalité à la recherche d'un emploi durable. Ce n'est pas de leur plein gré qu'elles travaillent de manière temporaire, mais parce que les perspectives d'avenir sont toujours plus incertaines, les débouchés professionnels moins bons et parce qu'il y a encore et toujours des abus.
Afin d'éviter ces situations peu souhaitables, les syndicats et swissstaffing, l'association patronale des agences de travail temporaire, ont conclu une CCT en 2011, entrée en vigueur le 1er janvier 2012. Cette CCT contient des dispositions sur le salaire minimum et des mesures en matière de formation initiale et continue ainsi qu'une meilleure couverture sociale. Du point de vue des salarié-e-s, il s'agit là clairement d'un progrès par rapport à avant. En plus de la CCT, les partenaires sociaux et les autorités ont déployé des efforts qui ont porté leurs fruits en matière de réduction des risques d'accident courus par les employé-e-s temporaires.
Le travail temporaire a toutefois continué de se multiplier, en dépit de ces améliorations. Aujourd'hui, il atteint son plus haut niveau historique. Les contrôles des salaires et des conditions de travail continuent à faire apparaître de nombreuses infractions. Ainsi, des salaires trop bas ont été constatés dans 35 % des agences de travail temporaire en 2017.
C'est pourquoi, du point de vue syndical, de nouvelles avancées sont nécessaires. Le travail temporaire doit être limité et les abus combattus. Les expériences faites dans d'autres pays montrent quelles mesures sont efficaces. Le principe de l'égalité de traitement est particulièrement important ici : le personnel temporaire doit être engagé aux mêmes conditions (salaire, durée du travail, entre autres) que le personnel fixe. Il faut en outre prévoir des restrictions quantitatives, davantage de contrôles et une application systématique des lois.
La CCT a certes représenté un pas important vers l'abolition de la discrimination à l'encontre des employé-e-s temporaires, mais le temps est maintenant venu pour de nouvelles améliorations. Le travail temporaire doit être l'exception sur le marché suisse du travail.