La crise provoquée par la pandémie de coronavirus a des conséquences dévastatrices sur le monde du travail. Les pertes de revenus et de places de travail sont inquiétantes, et touchent beaucoup plus les personnes aux revenus les plus bas parce qu’elles étaient déjà confrontées à des salaires en stagnation et des rentes de retraite en baisse. Pour ouvrir à nouveau une perspective d’avenir pour les travailleuses et travailleurs, le pays a donc besoin d’un paquet de mesures coordonnées. Cela, à court terme, pour préserver l’emploi, protéger les personnes au chômage et soutenir le pouvoir d’achat ; notamment en redistribuant à chaque assuré-e 500 francs issus des réserves excédentaires des caisses-maladie. De plus, des décisions stratégiques seront prises pour rendre le système de retraites durablement plus juste et plus efficace en introduisant la composante de répartition dans la LPP et en renforçant l’AVS grâce à l’initiative pour une 13e rente AVS. Renforcer la solidarité est la seule manière de sortir renforcés de la crise.
Le sous-emploi atteint un niveau record
La situation sur le marché du travail est sombre en ce début d’année 2021. Le taux de sous-emploi, obtenu en additionnant le chômage, la sous-occupation et le chômage partiel, atteint un record de 10 %. Dans de très nombreuses branches, il est tout simplement illusoire de retrouver un emploi à brève échéance en raison des très importantes restrictions en vigueur. Les pertes de revenu et le chômage frappent bien davantage les travailleurs et travailleuses dont les revenus sont déjà les plus bas. Ce sont donc précisément les ménages qui doivent vivre des salaires les plus bas qui abordent 2021 en ayant épuisé leurs réserves, et avec une capacité encore réduite de faire face à d’éventuelles dépenses imprévues. Maintenir les emplois, élargir l’indemnisation du chômage et soutenir le pouvoir d’achat sont de ce fait des nécessités immédiates. La crise sanitaire ne doit pas se transformer en crise économique de longue durée.
Les salarié-e-s touchés dans une phase difficile
Avant la pandémie, la Suisse se trouvait déjà dans une situation délicate. Les salaires n’augmentaient que faiblement, alors que de nombreux coûts fixes et contributions obligatoires prenaient l’ascenseur. La forte dépendance face aux marchés financiers se paie en outre très cher, avec une baisse continue et importante des rentes du 2e pilier. Conséquence: un recul, avant la crise déjà, du pouvoir d’achat réel des travailleurs et travailleuses ainsi que des retraité-e-s. Un retour à une évolution dynamique des salaires et une hausse des rentes sont donc indispensables.
Plus globalement, les exportations suisses souffrent depuis des années de la surévaluation du franc. Les exportations de machines ont par exemple été divisées par deux depuis 2008. Par ailleurs, les investissements porteurs d’avenir dans les technologies de l’information et de la communication ainsi que dans la recherche et le développement évoluent moins favorablement que dans la zone euro. L’exposition de la Suisse aux variations du taux de change est particulièrement élevée et requiert une action bien plus déterminée de la Banque nationale.
Investir pour une Suisse plus sociale
Les priorités pour l’année 2021 sont claires. Il s’agit, tout d’abord, de garantir les emplois et de compenser au moins en partie les pertes de pouvoir d’achat survenues durant l’année 2020. La prévoyance vieillesse a besoin de mesures pour améliorer ses performances. Renforcer la solidarité est une absolue nécessité, pas une option.
L’Union syndicale suisse (USS) s’engagera par conséquent pour :
- faire redistribuer à hauteur de 500 francs par personne les réserves excédentaires des caisses d’assurance-maladie, à titre de soutien rapide au pouvoir d'achat ;
- prolonger l’indemnisation du chômage afin d’empêcher les arrivées en fin de droit et pour que des mesures supplémentaires de protection soient prise afin de prévenir les faillites ;
- renforcer le financement du secteur de la santé publique, faire verser au personnel une prime après les efforts extraordinaires accomplis par lui, et améliorer durablement les conditions de travail dans ce secteur ;
- une politique monétaire plus ferme contre la surévaluation du franc suisse ;
- un système de retraites juste et durable avec de meilleures rentes via le renforcement de la composante de répartition dans la LPP et l’augmentation des rentes AVS.