Toutes les mesures prises pour lutter contre la pandémie doivent s’accompagner de mesures pour préserver les salaires et les emplois. Sinon, les salarié-e-s qui sont déjà en difficulté aujourd’hui verront leur situation s’aggraver encore. De telles mesures sont une condition pour que les dispositions anti-pandémie trouvent un large soutien. Le taux de demandeurs et demandeuses d’emploi est déjà passé de 4 à presque 5,5 %. Sur les lieux de travail, la situation n’est plus la même qu’en mars dernier. Dans de nombreuses entreprises, on trouve désormais – grâce aussi à la pression des syndicats – des règles claires et des plans de protection efficaces. Malheureusement, tous les employeurs n’ont pas encore compris la gravité de la situation, et il faut donc renforcer les contrôles. Lorsqu’ils sont adéquats et bien mis en œuvre, les plans de protection permettent de mieux protéger la santé des employé-e-s. Ils contribuent aussi grandement à ce que l’on puisse éviter un nouveau semi-confinement (fermetures de commerces et d’entreprises) et, par conséquent, une vague de licenciements.
Garantir les salaires et les emplois
Lors de la première vague au printemps, les mesures prises rapidement pour garantir les salaires et les emplois ont permis de limiter les dommages économiques. La participation des partenaires sociaux a payé. Aujourd’hui aussi, les nouvelles mesures de lutte contre la pandémie de coronavirus doivent être accompagnées d’une protection efficace des places de travail et des salaires pour les employé-e-s concernés.
La situation est déjà tendue sur le marché du travail. Malgré les assouplissements des restrictions pendant l’été, le taux de demandeurs et demandeuses d’emploi a grimpé de 4 % à près de 5,5 %. Dans le même temps, de nombreuses entreprises ont épuisé leurs réserves lors de la première phase de crise aiguë au printemps. Afin d’éviter que la deuxième vague n’entraîne une série de licenciements sans précédent, il est essentiel de prendre rapidement des mesures de stabilisation économique. Lors de la première vague déjà, les personnes à faibles et moyens revenus ont été les plus touchées par la perte de salaire due au chômage partiel, et cette inégalité va perdurer. L’Union syndicale suisse (USS) demande donc une garantie salariale intégrale pour les bas salaires et le maintien du chômage partiel pour le plus grand nombre d’emplois possible. La distribution rapide à la population des milliards de réserves excédentaires des caisses-maladie pourrait également soutenir le pouvoir d’achat et empêcher une nouvelle chute de la consommation.
Afin de ne pas perdre la confiance et le soutien aux mesures de lutte contre la pandémie, il faut tout faire pour que les salarié-e-s n’en fassent pas les frais. La Suisse dispose encore de ressources suffisantes pour remplir cette promesse.
La protection de la santé vaut pour tout le monde
Grâce à l’engagement des syndicats, des règles claires ont été établies pour le monde du travail pendant la pandémie. La situation n’est donc pas comparable à celle de mars 2020. L’obligation pour les employeurs de mettre en place un plan de protection, des mesures concrètes en ce sens ainsi que les responsabilités en matière d’application sont désormais définies. Toutefois, pour maintenir ou rendre plus sûrs les emplois, les contrôles de la Suva et des inspections cantonales du travail doivent être intensifiés et du personnel supplémentaire doit être affecté à ces tâches. Cela relève de la responsabilité de la Confédération et des cantons. En outre, les syndicats doivent bénéficier d’un droit d’accès garanti aux lieux de travail afin qu’ils puissent transmettre les éventuels problèmes aux employeurs concernés et aux organismes chargés de faire appliquer les mesures de protection. Une approche différenciée des plans de protection peut aider à prévenir de nouvelles fermetures.
Les mesures intervenant dans la vie privée doivent être cohérentes avec la réalité du lieu de travail, tout comme d’ailleurs la protection des personnes vulnérables. Les employé-e-s qui ne peuvent pas faire du télétravail ont tout autant droit à une protection de la santé adéquate. Dans les cas où celle-ci est impossible, la compensation pour perte de gain prévue par la loi doit être activée.
Un système de santé solide
La Suisse dispose fondamentalement d’un système de santé fort construit comme un service public. La plupart des hôpitaux avec un mandat de service public se sont dotés de plan d’urgence pour faire face à la pandémie. Ils ont besoin désormais de garanties de déficit suffisantes pour être en mesure d’adapter rapidement leurs capacités aux circonstances. Il faut également mettre davantage de moyens à disposition des maisons de retraite, EMS et homes médicalisés. Enfin, le personnel de tout ce secteur doit être mieux rémunéré pour son dur travail. L’alliance syndicale Ensemble avec le personnel de santé organise ces prochains jours une semaine d’action en ce sens. Les syndicats exigent une prime corona et de meilleures conditions de travail.
L’USS présentera ces réflexions et revendications ce cet après-midi lors d’une réunion de crise des partenaires sociaux avec le Conseil fédéral.