L’Enquête suisse sur la structure des salaires 2012 rendue publique ce lundi fait apparaître une évolution inquiétante : entre 2010 et 2012, les 10 % des salaires réels les plus bas (inférieurs à Fr. 3 886.-) ont baissé (- Fr. 286.-). Ainsi, la situation précisément de ces salarié(e) qui, aujourd’hui déjà, connaissent des problèmes de fin de mois est devenue encore plus dure. Sont concernés ici des professionnel(le)s de branches sans convention collective de travail (CCT), soit les commerces de détail, l’horticulture, les centres d’appels, etc. Concernant par exemple les commerces de vêtements et de chaussures, la Confédération et les cantons ont prouvé qu’il y a avait sous-enchère salariale. Mais les présidents des associations patronales concernées, souvent très riches comme Karin Keller-Sutter et Dieter Spiess, refusent de conclure des CCT prévoyant des salaires minimums qui protègent les rémunérations.
Cette évolution est d’autant plus choquante au vu de la hausse des très gros salaires. Les 10 % des salaires supérieurs ont à nouveau augmenté en termes réels de 7,1 % entre 2010 et 2012 (+ Fr. 9 901.-/an). Ainsi, la répartition inégale des salaires constatée en Suisse ces quinze dernières années a continué à s’aggraver. Celles et ceux qui touchent des salaires élevés reçoivent encore plus et celles et ceux qui n’arrivent guère à s’en sortir avec leurs salaires reçoivent moins.
En disant oui à l’initiative sur les salaires minimums, on peut stopper cette évolution. L’introduction d’un salaire minimum légal de 22 francs de l’heure protégerait les salaires inférieurs de la sous-enchère. Ce qui constituerait un grand progrès pour les personnes qui en bénéficieraient est sans autre supportable par notre économie. La masse salariale totale ne devrait être relevée que de 0,4 %. Et l’argent pour le faire est là, comme le prouve la forte hausse des gros salaires.
Le fait que l’inégalité de salaire entre femmes et hommes se soit remise à augmenter depuis 2008 est aussi très inquiétant. Si elle avait quand même diminué de presque 1 % entre 2008 et 2010, Selon l’Enquête suisse sur la structure des salaires 2012, elle a à nouveau augmenté de presque 0,5 %, pour passer à 18,9 %. Mardi 29 avril déjà, l’USS va présenter une étude sur les causes de la discrimination salariale des femmes et montrer avec quels instruments on peut la supprimer.
Renseignements
- Thomas Zimmermann (031 377 01 06 ou 079 249 59 74), responsable de la communication de l’USS
Documents
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de Daniel Lampart, économiste en chef et premier secrétaire de l'USS