Plus que 15'000 travailleuses et travailleurs de toute la Suisse sont descendus aujourd’hui dans la rue à Berne sous la devise « Il est temps d’augmenter les salaires ». Ils et elles demandent aux employeurs des augmentations de salaire substantielles. Après plusieurs années de perte de salaire réel et compte tenu de l’augmentation des coûts, cette revendication est plus nécessaire que jamais. La revendication est claire : en vue des négociations salariales à venir, les salaires réels doivent à nouveau augmenter en 2025.
Des travailleuses et travailleurs de toutes les branches et de toutes les régions du pays ont manifesté aujourd’hui à Berne sur la Place fédérale pour des salaires plus élevés. La situation est préoccupante. Depuis 2021, les salaires réels baissent en Suisse. Du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale. En même temps, tout augmente : les prix des denrées alimentaires et de l’énergie, les loyers et les primes d’assurance maladie. Les salarié-e-s peuvent se permettre de moins en moins de choses avec leur salaire. Les personnes et les familles à bas et moyens revenus sont particulièrement touchées.
La situation des salarié-e-s est préoccupante
Le président de l’Union syndicale suisse Pierre-Yves Maillard fait le point sur la situation préoccupante des travailleuses et travailleurs en Suisse : « Tout est devenu plus cher. Et même si l’économie se porte bien, les salarié-e-s ont moins dans leur portemonnaie qu’il y a cinq ans. Sans une adaptation des salaires à l’inflation, la population va s’appauvrir. Cette politique n’a pas d’avenir. C’est pourquoi les salaires doivent enfin à nouveau augmenter. »
De l’argent, il y en a assez
Alors que les salaires bas et moyens baissent en termes réels, les actionnaires encaissent en même temps année après année des sommes toujours plus élevées, qui se chiffrent en milliards, sous forme de dividendes et de rachats d'actions. L’écart salarial s’est encore creusé. Il y a plus qu’assez d’argent dans les entreprises. Le refus des employeurs de compenser intégralement le renchérissement et d’augmenter les salaires de façon substantielle, qui a été annoncé publiquement, est un scandale. Vania Alleva, présidente d'Unia, est claire : « Nous ne nous laisserons pas faire ! Nous attendons des négociations salariales de cet automne des augmentations générales et substantielles. Nous ne nous contenterons pas de miettes ! Il est urgent et tout simplement vital pour beaucoup de gens que les salaires augmentent en termes réels. Pour cela, la pleine compensation du renchérissement des trois dernières années est nécessaire. C'est pourquoi Unia exige des augmentations de salaire de l’ordre de 5%. »
Compensation du renchérissement et salaires minimums plus élevés
Compenser le renchérissement est une évidence car sans cela, les travailleuses et les travailleurs ont toujours moins de salaire pour le même travail. La compensation du renchérissement fait donc partie de toutes les conventions collectives de travail. En même temps, il faut de bons salaires minimums. La présidente du syndicat Syna Yvonne Feri s’engage pour cela : « En Suisse, de nombreuses personnes travaillent dans des branches à bas salaires. Elles ne gagnent pas assez, même avec un bon apprentissage. Leur diplôme d’apprentissage ne garantit pas un salaire décent pour vivre. Nous devons lutter ensemble contre cela. Nous exigeons des salaires minimums décents pour le personnel formé, qui suffisent pour vivre. » C'est pourquoi les syndicats s’engagent pour qu’il n’y ait plus de salaires inférieurs à 4500 francs et pour que toutes les personnes au bénéfice d’un apprentissage gagnent au moins 5000 francs.
Nécessité claire d’agir dans de nombreuses professions et branches
Peintres ou employé-e-s de La Poste ou des chemins de fer, infirmières ou travailleurs de la construction : plusieurs exemples de professionnels de différents métiers et branches montrent la grande nécessité d’agir. « Nous sommes aujourd’hui ici pour à nouveau souligner que notre Service public a une importance systémique. Il y a un manque de reconnaissance à notre égard, c’est pourquoi de bonnes conditions de travail et des salaires en conséquence sont une nécessité absolue, précisément en période d’inflation effrénée et d’explosion des primes maladie », explique Beat Haldimann, livreur de colis à la Poste Suisse et syndicaliste Syndicom. Friederike Flückiger, infirmière aux soins intensifs depuis 30 ans et syndicaliste SSP, demande que les améliorations dans les soins réclamées dans l’initiative sur les soins soient réalisées rapidement. Car c’est tout particulièrement dans les métiers dits féminins que la situation salariale est insuffisante malgré une bonne formation : « Toutes les statistiques le montrent : travailler dans la santé, ce sont des conditions dures pour des salaires trop bas. Les infirmières et infirmiers diplômés gagnent bien moins que les autres professionnels de même niveau de formation ! »
En tant que représentant de la jeune génération, l’assistant clientèle CFF et représentant du syndicat SEV Jordi D’Alessandro attire l’attention sur la situation des jeunes et la nécessité d’augmentations salariales. Il appelle les jeunes à s’engager pour leurs droits et pour de meilleurs salaires : « Nous, jeunes travailleurs, devons prendre position. Ce ne sont pas seulement nos retraites qui sont en danger, ce sont aussi nos salaires et nos conditions de travail. On nous promet un avenir, mais on nous refuse un présent digne. On nous parle d’opportunités, mais on nous impose des sacrifices. »
Les employeurs doivent agir : des hausses des salaires réels sont nécessaires
Les salarié-e-s et les syndicats s’engagent ensemble pour de meilleurs salaires et demandent aux employeurs, pour l’automne salarial, des augmentations substantielles des salaires pour 2025.
Les syndicats de l’Union syndicale suisse et les associations de Travail.Suisse ont appelé à manifester.