En 2013, un bon million de personnes ont souffert d’atteintes à leur santé en raison de leur activité professionnelle. C’est ce que prouve la récente étude de l’Office fédéral de la statistique (OFS) « Accidents et problèmes de santé liés au travail ».
Les principaux résultats de cette étude sont les suivants :
- 6 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été victimes d’un accident de travail, soit 316 000 personnes ;
- 11 % des personnes interrogées ont déclaré souffrir d’un problème de santé lié au travail, soit 750 000 personnes ;
- Les risques d’accident sont les plus élevés dans l’agriculture et la construction ; les personnes qui travaillent sur appel ou de manière temporaire sont particulièrement vulnérables, ce qui est aussi vrai des jeunes salariés et des apprenti(e)s ;
- 60 % des personnes actives occupées sont exposées dans leur travail à au moins un risque physique, 45 % à un au moins risque psychosocial ;
- 60 % des problèmes de santé consistent en douleurs osseuses, articulaires ou musculaires, qui frappent plus fortement les personnes âgées et celles qui ont un bas niveau de formation ;
- 19 % des personnes interrogées se plaignent du stress, de dépression ou d’angoisse ; les bénéficiaires d’une formation supérieure sont plus touchés que la moyenne ;
- dans 40 % des cas, ces différents troubles ont occasionné des arrêts de travail. 25 % des personnes affectées ont été dans l’impossibilité de travailler durant deux semaines au moins.
Guy Zurkinden (GZ), rédacteur du Syndicat suisse des services publics (ssp) a posé deux questions à ce sujet à Luca Cirigliano (LC), secrétaire central, responsable de ce domaine à l’USS.
GZ : La santé des salarié(e)s est-elle menacée en Suisse ?
LC : La situation est très préoccupante. L’étude de l’OFS montre que les risques liés au travail sont partout. Les risques physiques, dits « classiques », restent élevés, mais on assiste aussi à une augmentation des risques « nouveaux » : le stress, le manque de temps, la pression due au manque de personnel atteignent tous les secteurs. Les nouvelles méthodes de management par objectifs, combinées aux coupes sur le personnel et aggravées par un contexte de crise augmentent fortement le stress des salarié(e)s et accentuent les dangers.
GZ : Que peuvent faire les syndicats ?
LC : Les syndicats doivent se battre, d’une part, pour mettre sur pied des mesures de prévention dans les entreprises. Cela inclut des mesures spécifiques contre les risques psycho-sociaux. Il faut aussi étendre la reconnaissance des maladies professionnelles, notamment des troubles psychosociaux.
Ces dernières années, les employeurs ont augmenté la productivité en réduisant les coûts du personnel, ce qui a renforcé la pression sur les travailleurs et travailleuses. Ce stress met en danger leur sécurité. Les secteurs de la santé, des services publics, mais aussi de la construction ont été particulièrement touchés. La revendication de l’engagement du personnel nécessaire à l’accomplissement d’une tâche dans de bonnes conditions doit être un combat syndical primordial.
C’est d’autant plus important que c’est la société qui supporte les frais de traitement des personnes atteintes dans leur santé à cause de leur travail. Or, ces coûts sont occasionnés par des employeurs qui mettent trop de pression sur leur personnel et, pour économiser de l’argent, ne prennent aucune mesure de prévention. À lui seul, le traitement des maux de dos liés au travail coûte chaque année 1,5 milliard de francs, comme l’a montré une étude publiée par le SECO (Secrétariat d’État à l’économie) en décembre 2014.
plus d'informations
- <media 3369 - - "TEXT, 1513-1300, 1513-1300.pdf, 211 KB">L'étude</media> du BFS
- L'étude et des données complémentaires sur le site du BFS