Les autorités fédérales doivent tirer les leçons de la votation de Thoune, à savoir : « Pas touche à Swisscom ! », de même que : « Pas question de privatiser la Poste ! ». Au Conseil fédéral d’oublier ses projets en ces matières.
Comme cela a été le cas partout où ont eu lieu des votations sur la vente d’entreprises publiques, les Thounoises et Thounois ont refusé une telle éventualité. Le référendum à l’origine de ce scrutin a été lancé par les syndicats et le parti socialiste local. Et, en un temps record, un nombre de signatures bien supérieur au nombre nécessaire a été récolté. Précisons qu’à Thoune, Énergie Thoune SA est responsable de l’approvisionnement en électricité, en gaz et en eau. La vente de 49 % de ses actions aux Forces motrices bernoises (FMB) l’aurait rendue également dépendante de celles-ci. Des comparaisons ont fait apparaître que les prix risquaient d’augmenter de plus de 40 %. Les FMB avaient, comme dans des cas analogues, des visées sur le réseau et la production thounoise propre de 20 %, financièrement avantageuse.
Quel problème les FMB représentent-elles ? Si elles appartiennent bien en majorité au canton de Berne, elles ne sont dans une grande mesure plus soumises depuis décennies à des prescriptions politiques. Malgré sa majorité d’actions, le gouvernement n’a que deux représentants sur 11 au conseil d’administration. La stratégie du groupe des FMB et son management ne s’orientent pas en fonction de la politique du canton en matière d’énergie. Contrairement aux entreprises communales d’approvisionnement en électricité, aucun contrôle démocratique n’est ici prévu. Aujourd’hui, 20 % des FMB sont aux mains du géant allemand E.On qui entend influer toujours plus le commerce et la production d’électricité.
Si la réalité était différente, on pourrait tout à fait discuter de fusions d’entreprises publiques, qui soient contrôlables d’un point de vue démocratique et économiquement judicieuses au plan régional. Mais des ventes, comme celle rejetée énergiquement par la population de Thoune, auraient pour effet que ce ne serait plus sur place, mais beaucoup plus loin, à Berlin ou New York, que seraient prises des décisions concernant des services cruciaux. Et ça, nous ne le voulons pas, car les barons de l’électricité veulent accaparer en masse des entreprises communales à ce jour indépendantes. C’est pour cela qu’il est important que d’autres référendums soient alors saisis. La plupart du temps, on justifie la vente d’entreprises publiques en disant qu’il s’agit de les assainir financièrement. Mais en principe, les parts de bénéfices annuels engrangés par les communes sont plus élevées que les intérêts de la dette économisés grâce à une vente. Ce qui était aussi vrai dans le cas de Thoune. Le non clair et net sorti des urnes de la cité oberlandaise montre que, dans de tels cas, l’opposition des syndicats se justifie par des raisons tant entrepreneuriales que financières et d’approvisionnement, et qu’il faut s’attendre à ce que le peuple y soit également opposé. C’est pourquoi Thoune ne doit pas rester un cas isolé.