Pour l'USS, il faut s'engager clairement en faveur de la sortie du nucléaire, et agir vite. Sinon, les propriétaires des centrales nucléaires feront traîner les choses. Au pire ce sera très dangereux, dans le meilleur des cas cela coûtera très cher. L'USS appelle à voter en faveur de l'initiative pour la sortie du nucléaire.
Avec le concept d'exploitation à long terme, il était du pouvoir du Parlement de proposer une véritable alternative à l'initiative pour la sortie du nucléaire. Même l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (ISFN), en sa qualité d'autorité de surveillance, avait approuvé le concept de la durée d'exploitation prolongeable deux fois au maximum. Un concept qui aurait accru la sécurité et permis une planification claire. Mais le Parlement en a décidé autrement. Suivant la devise " vouloir le beurre et l'argent du beurre ", l'on se dit certes pour la sortie, mais on la reporte sine die. Non seulement cette approche relève de la négligence, mais elle recèle des dangers. Elle sert surtout les intérêts à court terme des propriétaires des centrales nucléaires qui refusent la sortie. Et cela bien que sur le plan économique aussi, tout indique que c'est la voie à prendre. Seule la direction de BKW a décidé de fermer la centrale de Mühleberg en 2019. Une mesure intelligente car BKW s'offre ainsi un positionnement optimal tant dans la planification que dans la mise en œuvre de la désaffectation et du démantèlement des centrales nucléaires. Ce savoir-faire sera très recherché dans toute l'Europe au cours des prochaines décennies.
Lorsque les adversaires de l'initiative pour la sortie du nucléaire affirment qu'elle entraînerait le chaos et une sortie non planifiée, ils ne manquent pas d'air. En effet, à l'avenir, les mises hors service à la Beznau I devraient se multiplier puisque les centrales nucléaires de Suisse comptent parmi les plus vieilles du monde. Depuis déjà presque deux ans, Beznau I est déconnectée du réseau pour raison de sécurité. Et on ignore quand l'on y reproduira de l'électricité. En revanche, l'initiative apporterait une clarté urgente et indispensable car les centrales seraient contraintes de quitter le réseau dans un laps de temps limité : leur sortie serait planifiable. Une perspective que les entreprises électriques devraient approuver en réalité vu que les réhabilitations de centrales nucléaires vieillissantes deviendront toujours plus onéreuses et complexes. Il semble néanmoins manifeste que chez les propriétaires de centrales nucléaires, ceux qui ont le pouvoir de décider fassent passer les considérations idéologiques avant les calculs réalistes. Le tragique de l'histoire c'est qu'à la fin, la population paiera le prix fort. Au mieux, le coût sera élevé ; au pire, le risque pris sera considérable, et les conséquences incalculables.
Seule l'initiative garantit une sortie programmée. Qui coûtera cher elle aussi, mais qui ouvre des opportunités à plus long terme pour les experts locaux. A condition qu'elle se fasse assez tôt.