L'Union syndicale suisse (USS) et les syndicats SEV (Syndicat du personnel des transports), SSP (Syndicat suisse des services publics), APC (Association du personnel de la Confédération), syndicom (Syndicat des médias et de la communication) et Garanto (Syndicat du personnel de la douane et des gardes-frontière) ont organisé le 15 janvier dernier à Berne une journée largement suivie intitulée " Renforcer le service public. Maintenant plus que jamais ! ". Ci-après, les principaux points à en retenir.
Pour commencer, Daniel Lampart, premier secrétaire de l'USS, a présenté une analyse à l'origine d'un débat animé : depuis des années, la politique financière de la Confédération, des cantons et des communes se base systématiquement sur des budgets bien trop pessimistes, ce qui légitimerait sa logique d'austérité. Conséquences : la pression sur les services publics croît massivement et les conditions de travail ne cessent de se détériorer.
Le professeur Franz Schultheis a présenté une étude transnationale selon laquelle, le personnel de la poste, des hôpitaux et des administrations interrogé constate l'existence d'une pression constante en matière de coûts et d'efficience. La " mentalité de vendeur " doit toujours plus se substituer à la conception d'un travail effectué pour l'intérêt public.
Anna Sax, économiste, a montré que, dans le secteur de la santé, les ménages avec enfants et les revenus moyens doivent supporter la charge la plus lourde en ce qui concerne les primes des caisses-maladie. Les communes et ces dernières essaient en effet de répercuter les coûts sur les individus. La concurrence à laquelle les hôpitaux se livrent, hôpitaux publics compris, est énorme et ne débouche nullement sur des soins de meilleure qualité.
Du point de vue des syndicats
Quatre introductions sur La Poste, l'Administration fédérale, le trafic ferroviaire et le secteur social ont montré quels étaient les points sensibles ici pour les syndicats.
Daniel Münger, directeur du secteur Logistique à syndicom, a constaté une pression des coûts à La Poste, une entreprise dont la Confédération est coresponsable avec ses " Objectifs stratégiques ". Syndicom défendra le monopole résiduel pour l'acheminement des lettres. Syndicom insistera aussi pour que la numérisation ne se fasse pas sur le dos des employé(e)s et que la population d'un certain âge ne reste pas sur le carreau.
Notamment grâce à son administration performante et efficiente, la Suisse continue à occuper une bonne position en comparaison internationale. René-Simon Meyer, président de l'APC, a condamné l'attitude des parlementaires de droite qui diffament l'Administration fédérale en la traitant de facteur de coût, tout en ne disant mot des prestations indispensables qu'elle fournit à la population, aux cantons et aux communes, ainsi qu'à l'économie privée. Fin 2014, l'Office fédéral des transports a présenté une stratégie pour les transports publics, que Giorgio Tuti, président du SEV, a critiquée comme étant dangereuse et dont il a démasqué les intentions cachées. Selon lui, cette stratégie veut européaniser le système ferroviaire suisse, qui est un succès, et ouvre la voie aux transports longue distance et transfrontalier par bus. Le SEV combattra systématiquement ces tendances. Enfin, Katharina Prelicz-Huber a rappelé la véritable campagne haineuse menée contre les autorités de protection de l'enfance et des adultes l'an dernier. Même en cas d'accord sur une offre, comme par exemple les structures extrafamiliales d'accueil des enfants, il n'est jamais question de qualité, mais toujours de coûts et de prix. Quelles en sont alors les conséquences ? Un personnel qui change très souvent et est trop peu nombreux, de même qu'une énorme pression sur ceux qui restent ainsi qu'une accumulation des cas d'épuisement professionnel.
La Suisse, une des quotes-parts de l'État les plus basses
Marko Köthenbürger, professeur à l'École polytechnique fédérale de Zurich a procédé à une nouvelle analyse de l'importance économique du service public, dans la foulée d'une étude mandatée par les syndicats il y a dix ans. Selon lui, la Suisse a en comparaison internationale une des quotes-parts les plus basses (33 %) et dispose parallèlement d'un service public d'une qualité remarquable. Les entreprises d'infrastructure que sont La Poste, Swisscom et les CFF doivent relever le difficile défi de l'adaptation constante du service universel à l'évolution technologique et aux nouveaux besoins de la population.
Baisses d'impôt
Lors de la table ronde avec laquelle s'est terminée cette journée sur le service public, la conseillère d'État Barbara Egger (BE) et le conseiller d'État Pierre-Yves Maillard (VD) se sont montrés combatifs et optimistes. Selon eux, le service public est d'un bon niveau et s'est même développé malgré les programmes d'austérité des dernières années. Barbara Egger mit à cet égard au premier rang les investissements dans le trafic régional. Pour sa part, Pierre-Yves Maillard a souligné le fait que les privatisations et les externalisations ne sont précisément pas des modèles de réussite en ce qui concerne le service public. Barbara Egger rejette les baisses d'impôts sur les entreprises parce que beaucoup contraire à la solidarité, Pierre-Yves Maillard défendant quant à lui le projet développé sur cette question dans le canton de Vaud, un projet à ses yeux indispensable pour maintenir les emplois et sauver de la substance fiscale. Or on est parvenu à négocier avec les entreprises un train de mesures qui accorde des baisses d'impôt contre des améliorations concrètes des prestations destinées à la population. Dans ce contexte, ce projet est unique et encourage la solidarité. Le public est ensuite intervenu dans ce débat animé.
À l'unanimité, les participant(e)s ont adopté une résolution contre l'initiative " En faveur du service public " qui se révèle comme une initiative de facto anti-service public.
Documents à télécharger
- Les photos en haute résolution de la journée peuvent être téléchargées depuis le compte Flickr de l'USS
- Tous les discours de la journée
- Discours Alain Carrupt
- Discours Anna Sax
- Discours Daniel Lampart
- Discours Giorgio Tuti (all.)
- Discours Katharina Prelicz Huber
- Discours Marko Köthenbürger
- Discours René-Simon Meyer
- Discours Franz Schultheis (all.)