Le réchauffement climatique a lieu ici et maintenant. Il est produit par l’être humain et représente pour nous toutes et tous une menace existentielle. Continuer « comme avant » dans la politique climatique n’est tout simplement plus possible. Au lieu de compter sur le marché, nous devons désormais enfin miser sur des solutions collectives. C’est précisément ce que veut l’initiative pour un fonds climat.
Le marché ne fait pas le job
Ce n’est définitivement pas le marché qui va résoudre le problème planétaire du réchauffement climatique. En effet, la plupart des instruments basés sur des mécanismes de marché pour lutter contre la crise climatique n’ont rien donné depuis leur introduction. Ou du moins, ils ont beaucoup trop peu contribué à la réduction rapide nécessaire des émissions de gaz à effet de serre. Le meilleur exemple en est le commerce des émissions ainsi que toutes sortes d’« engagements volontaires de l’économie », particulièrement appréciés dans la politique climatique en Suisse. Au cœur de toutes ces approches, on trouve le fameux mirage des innovations technologiques révolutionnaires qui se produiront un jour ou l’autre et qui nous propulseront en un clin d’œil dans un « avenir zéro net », sans que rien ne change dans le fonctionnement de base de notre vie économique.
La politique climatique comme service public
S’il y avait du temps à foison pour cela, on pourrait comprendre que les milieux économiques se lancent dans ce genre de loterie. Mais nous n’avons vraiment plus le temps de faire des essais et d’espérer que ça marche : le réchauffement climatique a lieu ici et maintenant, et la limitation du réchauffement mondial à 1,5 degré – pourtant absolument nécessaire – semble de plus en plus inatteignable, selon les expert-e-s.
Que faire alors ? Certainement pas « continuer comme avant » ou « faire un peu plus de ce qu’on a fait jusqu’à présent ». La politique climatique, ou plutôt son objectif, à savoir un environnement durablement sain et une économie qui profite à toutes et tous, doit enfin être comprise pour ce qu’elle est : un bien fondamental et indispensable, auquel tout le monde a droit. En ce sens, la « transformation climatique » fait partie du service public au même titre que l’approvisionnement énergétique ou les transports publics (qui sont eux-mêmes des leviers fondamentaux pour un climat sain). La transition climatique est LE projet d’avenir collectif et central, qui ne peut être mis en œuvre efficacement que si cela se fait de manière collective et négociée démocratiquement. Et pour cela, il faut un programme public progressiste à grande échelle, comme le demande l’initiative du fonds climatique.
Un fonds climatique pour une approche globale
L’initiative « Pour une politique énergétique et climatique équitable : investir dans la prospérité, le travail et l’environnement » a été lancée conjointement par le PS, Les Vert-e-s et les syndicats. La création d’un fonds climatique – doté de moyens à hauteur de 0,5 à 1 % du produit intérieur brut – doit permettre de financer les mesures nécessaires pour faire face au tournant climatique de manière globale et avec succès. Cela implique non seulement la « décarbonation » de tous les secteurs de l’économie et de la vie (transports, bâtiments, industrie, agriculture, etc.), mais aussi l’accompagnement des changements structurels qui en découlent sur le marché du travail et dans la formation. Car pour que la transformation écologique se fasse de manière solidaire, personne ne doit être laissé pour compte en raison des changements. Des investissements publics sont donc nécessaires non seulement pour les nouvelles infrastructures et technologies, mais aussi pour la formation, la reconversion et le soutien des travailleuses et des travailleurs dans les secteurs concernés.
L’objectif suprême doit être la création d’emplois durables, sains et bien rémunérés : les « emplois verts » doivent impérativement être de « bons emplois ». De plus, les travailleuses et les travailleurs ne sont pas seulement directement concernés par les changements structurels, ils en sont aussi les acteurs. Car en fin de compte, seuls les employé-e-s dans les entreprises disposent des connaissances et des capacités pratiques nécessaires au développement de nouvelles technologies et à la mise en œuvre de modèles d’affaires respectueux du climat.