La situation a quelque peu évolué à Genève depuis l’extraordinaire mobilisation de la fonction publique à la fin de l’année dernière. Les dizaines de milliers de grévistes, les manifestations massives ainsi que les 20 000 signatures contre le « Personal stop » ont porté leurs fruits : le Grand Conseil a retiré ce projet. Les annuités 2016 ont aussi été restaurées. Toutefois, ces victoires d’étapes ne doivent pas faire oublier que les négociations avec le Conseil d’Etat sont au point mort. L’échéance des négociations a donc été repoussée d’un mois.
«C’est bien grâce à la mobilisation du personnel et aux 20 000 signatures pour le référendum contre le ‘Personal stop’ récoltées en quelques semaines que le MCG a retourné sa veste », commente Marc Simeth, Président du Cartel intersyndical du personnel de l'Etat et du secteur subventionné. Même si le parti populiste s’est bien gardé de l’avouer. Il s’est néanmoins joint à la gauche pour abroger ce projet extrêmement radical. Le peuple ne votera donc pas sur ce texte accepté le 13 novembre dernier par la droite et le MCG, en plein mouvement de contestation de la fonction publique genevoise. « Personal Stop » voulait un durcissement du mécanisme de frein à l’endettement, à savoir le gel des embauches tant que la dette se situait au-dessus de 8 milliard de francs, contre 12,7 actuellement. Aucun poste de fonctionnaire n’aurait alors pu être créé sans qu’un autre ne soit supprimé ailleurs.
« Chaque gréviste peut se dire que la lutte a payé »
Egalement à mettre sur le compte de la mobilisation du personnel, selon Marc Simeth, la restauration de la progression salariale (les annuités) pour 2016 : « Chaque manifestant-e, chaque gréviste, qui s’était vu taxé d’extrémiste, de profiteur/euse ou de touriste par une certaine frange de la population et une partie des collègues et qui avait vu son salaire de fin d’année raboté de plusieurs centaines de francs, peut aujourd’hui être fier et dire que la lutte a payé. » Le Comité unitaire de lutte des services publics rappelle toutefois le respect de la disposition légale qui prévoit des annuités ne peut se faire au détriment de l’emploi ou des prestations.
Niet sur toutes les propositions du personnel
Car la lutte ne s’arrête pas là. En effet, les négociations avec le Conseil d’Etat sur les mesures structurelles sur le personnel sont au point mort. Le Gouvernement veut toujours réduire la voilure de 5%, notamment en augmentant le temps de travail, en facilitant les licenciements ou encore en ne repourvoyant pas les postes laissés vacants. « Pour l’instant, le Comité unitaire obtient un ‘ Niet ‘ sur toutes ses propositions de répartir différemment les richesses entre les départements et les services », déplore le syndicaliste. Le Conseil d'Etat s’était pourtant engagé en décembre à ouvrir des discussions sur de nouvelles recettes également. Mais ni un bouclier fiscal, ni une imposition de solidarité des hauts revenus, ni la récupération des bénéfices des régies publiques ne trouvent grâce à ses yeux.
Face à cette impasse, l’échéance des négociations a donc été repoussée d’un mois, au 22 avril. Et la dernière assemblée du personnel a demandé à relancer la pétition unitaire « Non aux mesures structurelles du Conseil d’Etat ». Mais tout peut encore changer d’ici fin mars, quand le Conseil d’Etat présentera ses comptes qui pourraient être bien meilleurs que prévus. En attendant, le personnel reste mobilisé.