L'Union syndicale suisse (USS) rejette le principe même du Programme de stabilisation du Conseil fédéral parce qu'erroné et inutile. Avec lui, le personnel de la Confédération va en effet se retrouver pris dans l'étau d'un programme d'austérité impitoyable.
Peut-être serait-il souhaitable que le Parlement change une fois de perspective ? Ce que l'économie privée pratique communément, à savoir faire participer le personnel à la réussite de l'entreprise, ne s'applique pas dans l'Administration fédérale. Au contraire ! Bien que la Confédération enregistre depuis des années des excédents, on continue à tailler dans l'effectif du personnel. La dernière hausse générale de salaire (0,2 %) a eu lieu en 2015. Depuis lors, plus rien. Les premiers concernés sont les personnes qui ont atteint le plafond de leur classe de salaire et ne bénéficient de plus aucune augmentation même si leurs prestations sont de très bonne qualité. Cela représente la moitié des employé(e)s. Ils ne verront à nouveau rien de l'excédent de plus de 2 milliards pronostiqué.
Menaces sur la retraite anticipée
La majorité de la Commission des finances du Conseil national (CdF-N) demande la suppression, dans le cadre du Programme de stabilisation, de la contribution patronale à la rente transitoire (rente-pont) versée en cas de retraite anticipée. Seraient concernées les catégories de personnel particulièrement exposées de l'armée, du corps des gardes-frontière et du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), dont celui de la Direction du développement et de la coopération (DDC). Pour les gardes-frontière, la retraite anticipée sert à tenir compte du fait que ces personnes ne sont guère en mesure d'exercer leur profession jusqu'à l'âge ordinaire de la retraite (65 ans). La même remarque vaut pour les employé(e)s du DFAE et de la DDC qui travaillent à l'étranger dans des endroits dangereux, qu'il s'agisse de catastrophes humanitaires ou de situations politiquement délicates. Et pour l'armée, la retraite anticipée n'est souvent rien d'autre que la compensation d'heures supplémentaires accumulées durant l'ensemble des années d'activité. Dans ces cas, les cotisations patronales destinées à la rente transitoire sont financées avec les gains réalisés sur les mutations, les employé(e)s plus jeunes étant moins chers que les plus âgés qui s'en vont. Le potentiel d'économies de cette mesure serait par conséquent minime, mais les personnes concernées seraient sensiblement touchées. Leur retraite anticipée est en jeu.
Économies à gogo au détriment du personnel
Mais ce n'est pas tout ! La majorité de la CdF-N va encore plus loin avec le Programme de stabilisation. Elle veut encore économiser 100 millions de plus en 2018 et autant en 2019 que ce que veut le Conseil fédéral. Et ces coupes devraient aussi être appliquées à l'effectif du personnel, ce qui, converti en postes de travail, en représenterait plus de 1 000. Le conseiller fédéral Ueli Maurer ne se lasse pas de répéter que l'effectif du personnel, qui représente toujours 8 % seulement de l'ensemble des dépenses de la Confédération, n'est pas un secteur approprié pour appliquer ces mesures d'économies à grande échelle. C'est pourtant exactement ce qui se passe à nouveau aujourd'hui. En plus des économies d'environ 28 millions de francs entraînées par les mesures salariales, le Conseil fédéral a déjà entrepris lui-même une nouvelle " coupe transversale " de 20 millions de francs, soit environ 100 postes de travail. Et la CdF-N arrive maintenant avec une nouvelle proposition de coupe de 50 millions. Ce qui devrait se traduire par la suppression de postes de travail et des licenciements.
Stopper tout cela maintenant
Il appartient maintenant au Parlement de stopper le démantèlement qui frappe le personnel de la Confédération. La pression qui s'exerce sur lui est forte, alors que ce n'est sans doute pas le travail qui manque. Quiconque prend la peine de regarder ce qu'il en est le voit bien. Et c'est là à tout le moins ce que l'on est en droit de demander aux représentant(e)s élus du peuple !
L'USS rejette le Programme de stabilisation aussi pour des raisons économiques. Le frein à l'endettement est mal appliqué. Dans sa réponse à la consultation fédérale à ce sujet, l'USS dresse la liste des mesures auxquelles il faut renoncer et donne les raisons de le faire.