« Renforcer le pouvoir des travailleurs », tel est le slogan du 3e Congrès mondial de la CSI, qui s’est tenu du 19 au 23 mai à Berlin. L’Union syndicale suisse (USS) y était présente. Quels en furent les thèmes principaux ?
La CSI, c’est plus de 180 millions de membres dans pratiquement tous les États de la planète, la deuxième plus grande organisation démocratique du monde. Pas étonnant par conséquent que plus de 1500 congressistes provenant de 161 pays se sont retrouvés tout récemment à Berlin pour son 3e congrès mondial. Le message central de ce congrès était le renforcement du pouvoir des travailleurs et travailleuses, c’est-à-dire aussi le renforcement du rôle et des droits des représentations des salarié(e)s, les syndicats.
Mieux avec un partenariat social solide
Il ne s’agit pas seulement ici de justice ou d’équilibre sociétal. Sharan Burrow, la secrétaire générale de la CSI, a rappelé que l’on assistait aujourd’hui à un changement de philosophie qui va s’imposant : toujours plus d’organisations et, tout récemment, même la Banque mondiale, ont reconnu récemment que l’économie est florissante et les conditions de travail bonnes et exemptes de tout dumping salarial lorsque le partenariat social et les syndicats sont forts, et le taux de couverture conventionnelle (par conventions collectives de travail, CCT) élevé. Dans une résolution, le congrès a donc demandé à tous les États d’encourager le partenariat social et de viser une couverture conventionnelle aussi grande que possible, avec des CCT qui fixent des salaires minimums.
Le Qatar doit modifier son droit du travail
Dans les États du Golfe, les droits syndicaux sont écrits en tout petits caractères. Le 3e Congrès mondial de la CSI a par conséquent demandé dans une résolution que le Qatar réforme enfin sont droit inhumain du travail et de la migration (système de la kafala). S’il ne s’y attèle pas, les projets internationaux comme la Coupe du monde de football organisée sur son territoire doivent être stoppés. Cela relève de la responsabilité de la FIFA qui a le pouvoir de faire pression sur le gouvernement qatari pour qu’il engage les réformes nécessaires. L’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) a aussi présenté des projets prometteurs développés avec la participation significative de la Suisse. Pour l’USS et Solidar, il est évident qu’au sens de la résolution précitée, ils continueront à observer d’un œil critique la FIFA.
La Chine reste un problème
Les discussions avec des congressistes chinois ont fait apparaître que la situation des travailleurs et travailleuses est toujours des plus critiques en Chine. Divers projets sont en cours afin de renforcer le soutien apporté par les syndicats aux salarié(e)s de ce pays. Lors d’ateliers de travail, l’USS a signalé qu’il était important de pouvoir faire figurer les droit humains et les normes du travail décent dans les accords de libre-échange. Dans ce cadre, il a été question des points faibles et des points forts de l’accord de libre-échange conclu par la Suisse et la Chine, ainsi que du contrôle de sa mise en œuvre. Ici aussi, l’USS ne veut pas baisser la garde. C’est pourquoi elle a invité à son congrès ordinaire d’octobre un des syndicalistes chinois actuellement les plus connus, Han Dongfang, le responsable du bulletin d’information des travailleurs chinois (China Labour Bulletin).