Économiquement et socialement, l’Europe va mal. Et les programmes d’austérité qu’elle applique aggravent encore plus la crise. La Confédération européenne des syndicats (CES), dont l’Union syndicale suisse (USS) est membre, veut briser ce cercle vicieux, car c’est nécessaire, avec un nouveau plan d’investissement pour créer des emplois.
Que l’Europe coure au désastre, c’est plus qu’évident, lorsque l’on voit que le chômage des jeunes se monte à 50 % (cinquante !) en Espagne et en Grèce. Dans ces pays, la moitié d’une génération vit donc en marge de la société, dans l’improvisation sociale la plus totale. Mais les recettes néolibérales ne changent pas d’un iota : économiser, démanteler les droits des travailleurs et travailleuses, diminuer les salaires, réduire les prestations sociales, casser les services publics, etc. etc. Cela rendrait le travail moins cher, il y en aurait donc plus. En réalité, si les gens ont toujours moins d’argent, ils dépensent moins et il y a par conséquent moins de travail puisque moins à produire puisque la consommation baisse... mais plus de chômage encore.
250 millions d’investissements pour créer des emplois
La CES entend faire exploser le diktat de la rigueur imposé un peu partout en Europe. Lors de sa réunion du 7 novembre dernier, son comité a lancé à l’unanimité un nouveau programme d’investissement pour créer des emplois de qualité. Pendant 10 ans, 2 % de PIB supplémentaires doivent être injectés pour établir une nouvelle base industrielle et créer des emplois de qualité ainsi que des opportunités éducatives. Comme en son temps le plan Marshall, ce programme constitue une nouvelle voie pour sortir de la crise. La CES estime qu’il générera jusqu’à 11 millions de nouveaux emplois en Europe et contribuera à une relance économique et sociale durable au cours de la prochaine décennie. La construction ne serait pas la seule à en profiter, car l’affectation des investissements pourra se baser sur les anciennes priorités de l’Union européenne (UE) et de la Banque européenne d’investissement (BEI), soit : l’énergie, l’éducation et la formation, les communications, le soutien aux PME qui respectent les lois et les CCT, les services publics et privés (santé, protection sociale…), les logements sociaux, infrastructures, gestion durable de l’eau… Et les projets d’investissement à l’échelle européenne devront être développés conjointement avec les projets d’investissement nationaux, en visant l’impact le plus important sur l’activité économique domestique.
Et l’argent ?
Pour le financement de ce plan, la CES mise sur le capital privé déjà là et qui est à la recherche de placements sûrs, un capital qu’il s’agit de soustraire à la spéculation pour le rediriger vers l’économie réelle. Concrètement, c’est à la BEI qu’il incombera de gérer tout cela, les États membres de l’UE devant lui fournir des fonds supplémentaires à cet effet, des fonds qu’ils auront obtenus d’abord à travers l’imposition des fortunes sur leurs territoires respectifs. Une fois en marche, ce programme de relance permettra aussi de rembourser les dettes souveraines, également parce que l’emploi augmentant, les recettes fiscales et celles des assurances sociales augmenteront aussi.
Pour la CES, il est évident que d’énormes efforts seront nécessaires pour imposer un tel programme. C’est pourquoi elle veut lancer une campagne internationale à cet effet. Les élections européennes en seront l’un des moments forts.
<media 1794 _blank linkicon "TEXT, FR-A-new-path-for-europe 2, FR-A-new-path-for-europe_2.pdf, 271 KB">Une nouvelle voie pour l’Europe : Plan de la CES pour l’investissement, une croissance durable et des emplois de qualité</media>