Nous sommes encore bien loin de l’équité ! Dans notre pays, la répartition des revenus et de la fortune est en effet des plus inégalitaires. Tout en haut, on trouve une élite autoproclamée de profiteurs qui mènent grand train. Ils prêchent le marché pur et dur, c’est-à-dire leur propre enrichissement. En bas et au milieu, les revenus sont toujours plus sous pression. Les salaires réels des travailleurs et travailleuses qualifiés, titulaires d’un CFC, ont même légèrement reculé ces dix dernières années. Ainsi, l’apprentissage - la voie traditionnelle pour entrer dans la vie professionnelle - ne garantit plus un salaire correct. Preuve en est qu’un tiers des personnes qui touchent un bas salaire ont fait un apprentissage. Et comme si ce n’était pas assez, les femmes sont discriminées. En moyenne, elles gagnent toujours 18 % de moins que les hommes. Et les externalisations comme les privatisations provoquent toujours les mêmes effets : en bas, les gens sont poussés dans la précarité, en haut, ils nagent dans les surprofits. Et entre deux, il n’y a qu’à se serrer la ceinture.
Il faut que cela change. Nos propositions sont efficaces. Comme l’initiative populaire sur les salaires minimums. Ou celle dite 1:12. Ces initiatives veulent que dans tout le pays les salaires versés soient équitables. Et pour tout le monde ! L’initiative sur les salaires minimums garantira un salaire mensuel de 4 000 francs à toutes celles et tous ceux qui travaillent à plein temps, soit 22 francs de l’heure. Plus de 400 000 personnes, dont 300 000 femmes, disposeront immédiatement de plus d’argent pour vivre. Les nouveaux salaires minimums auront aussi une influence positive sur les bas et les moyens salaires. Et ils ouvriront efficacement la voie à l’égalité des salaires entre femmes et hommes. Grâce à des salaires équitables, il y aura plus de justice et les personnes aujourd’hui marginalisées pourront mieux participer à la vie sociale.
Les personnes âgées sont aussi touchées par des inégalités extrêmes. Alors que certains retraité(e)s sont riches, de très nombreux autres doivent compter chaque franc dépensé. Pour eux, la promesse de la Constitution fédérale selon laquelle les rentes de l’AVS et du 2e pilier doivent, ensemble, permettre de maintenir son niveau de vie antérieur n’est qu’un lointain rêve. Mais la droite politique ne veut jamais voir ces réalités. Tenus en laisse par economiesuisse, le Conseil fédéral et la majorité des Chambres fédérales menacent de couper dans les rentes. Leur mot de passe, le « frein à l’endettement », est aussi vieux que sa signification est évidente : chacun pour soi et foire d’empoigne pour tous.
Il faut que cela change. Nos propositions sont efficaces. Comme l’initiative AVSplus. Elle demande un supplément de 10 % sur toutes les rentes AVS. Elle veut améliorer les rentes dans tout le pays. Le tournant social aura ainsi plus de chance de devenir réalité. Pendant des années, pilonnés par les néolibéraux, nous avons été contraints de résister à la régression sociale. Aujourd’hui, nous voulons non seulement éviter le pire, nous voulons obtenir du mieux. Soit des rentes meilleures avec AVSplus.
Et nous nous battons aussi pour :
- une politique fiscale juste ; aujourd’hui, on allège la charge des riches et alourdit celles des gens ordinaires, ce qui renforce les inégalités matérielles ;
- moins de pression au rendement sur les travailleurs et travailleuses ; le stress au travail cause toujours plus de problèmes de santé ;
- une meilleure protection des travailleurs et travailleuses ; il ne doit plus être possible de licencier tout simplement celles et ceux qui s’opposent à la dégradation de leurs conditions de travail, comme ce fut de nouveau scandaleusement le cas à l’hôpital de la Providence.
Tout cela doit changer. Tout cela, nous, mouvement syndical, pouvons le changer. Avec toutes les forces progressistes, nous sommes en mesure de renverser la tendance à la régression sociale. Des salaires plus justes et des rentes meilleures, voilà le fondement du tournant social.