Réforme du 2e pilier : payer plus pour toucher moins de rente

  • Prévoyance professionnelle
Communiqués de presse

Une large alliance lance la récolte de signatures contre la baisse des rentes du 2e pilier

La réforme de la prévoyance professionnelle (LPP 21) adoptée par le Parlement entraîne des baisses de rentes pouvant atteindre 3240 francs par an. Pourtant, les rentes du 2e pilier ont déjà diminué drastiquement ces dernières années. Comble du cynisme : ce sont justement les salarié-e-s avec des salaires bas et moyens qui devront payer beaucoup plus avec la LPP 21 – pour au final toucher encore moins de rentes. Et, après l'augmentation de l'âge de la retraite, les femmes seront pénalisées une deuxième fois : au lieu de voir leurs rentes s’améliorer, une majorité d'entre elles subiront même des baisses de rente. Ce calcul ne tient tout simplement pas la route ! Pour toutes ces raisons, la large alliance contre la baisse des rentes LPP lance aujourd’hui la récolte de signatures contre la réforme du 2e pilier.

Pour les salarié-e-s, les dix dernières années ont été désastreuses dans le 2e pilier. Les taux de conversion et les rentes n’ont cessé de baisser. Et la réforme adoptée par le Parlement ferme complètement les yeux sur ces évolutions. Le net revirement des taux d’intérêt et le fort renchérissement sont également complètement ignorés dans la réforme. Au lieu de continuer à baisser les rentes malgré des taux d’intérêt en hausse, il faudrait les augmenter pour compenser la perte de pouvoir d’achat. C’est pourtant tout le contraire que le Parlement a décidé : il mise sur une réforme qui entraîne des baisses de rente de jusqu’à 15 %.

Après AVS 21, cette réforme représente une nouvelle détérioration pour les femmes. Et c’est précisément la génération touchée par le relèvement de l’âge de la retraite qui devra payer plus de cotisations – et donc recevoir moins de salaire net pendant le reste de sa vie active – pour obtenir une rente plus basse ou égale. Non seulement les promesses ne sont pas tenues, mais les femmes paient une deuxième fois l’addition. D’un point de vue technique aussi, la réforme est un fiasco : elle rend le 2e pilier plus coûteux et encore plus difficile à comprendre. Et au final, il devient même arbitraire. La confiance dans la prévoyance professionnelle s’en trouvera encore plus ébranlée qu’elle ne l’est déjà.

Pour le président de l’USS Pierre-Yves Maillard, la réforme est dépassée : « L’abaissement du taux de conversion est une idée datant de l’époque des taux d’intérêt négatifs : en raison du revirement des taux et du renchérissement, les rentes doivent désormais être augmentées et non plus réduites. ». Mattea Meyer, coprésidente du PS, estime que cette réforme de la LPP passe à côté de tous les objectifs qu’elle s’était fixés : « Elle entraîne une baisse des revenus et une diminution des rentes. Alors que les assuré-e-s paient ce projet coûteux, l’industrie financière peut continuer à faire des profits. ».

Président de Travail.Suisse, Adrian Wüthrich, tient à faire une mise au point importante lors du lancement du référendum : « Contrairement à ce que beaucoup prétendent, tous les assuré-e-s ont un régime obligatoire LPP, et sont donc concernés par la baisse du taux de conversion minimum. Nous devons enfin mettre un terme aux baisses massives des rentes du 2e pilier et intervenir sur les coûts des caisses de pension. ». Pour la présidente d’Unia Vania Alleva, la réforme du 2e pilier est tout simplement « un affront pour les femmes et pour tous les gens qui travaillent ». Quant à Katharina Prelicz-Huber, présidente du SSP et conseillère nationale Les Vert-e-s, LPP 21 signifie « pour la plupart des gens, même les jeunes : payer plus pour des rentes plus basses, même si celles-ci n’ont cessé de diminuer ces dernières années. »

Il y a un peu plus d’une semaine, une grande banque du pays a été sauvée à coup de milliards. Mais la réforme de la prévoyance professionnelle est également un cadeau faramineux offert au secteur de la finance, car il est le grand gagnant de la réforme et pourra continuer de s’emplir les poches. Aujourd’hui déjà, il prélève chaque année 7 milliards de francs sur les avoirs de vieillesse des assuré-e-s. Pendant ce temps, les travailleuses et travailleurs assurés devraient se serrer la ceinture. Le mot d’ordre, c’est : en haut, on remplit les coffres, en bas, on vide les portemonnaies. Ce calcul ne tient pas la route ! Avant même le vote final au Parlement, diverses branches des arts et métiers, l’Union suisse des paysans et plusieurs spécialistes du 2e pilier se sont exprimés publiquement en ce sens. Pour eux aussi, la réforme doit être rejetée.
 

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