On a promis aux assuré(e)s de la prévoyance professionnelle, le 2e pilier, que le capital qu’ils auront accumulé durant leur vie dite active serait transformé en une rente qui, avec celle de l’AVS, devra suffire pour maintenir leur niveau de vie antérieur de manière appropriée. Cette promesse figure même dans notre Constitution fédérale. Or, avec la baisse voulue du taux de conversion LPP, elle ne sera pas tenue. C’est là une escroquerie, un vol de rentes.
À proprement parler, les assuré(e)s n’ont pas à se préoccuper des raisons pour lesquelles une baisse du taux de conversion serait indiquée. On leur avait en effet promis dès le départ une certaine prestation d’assurance et cette prestation doit leur être servie. C’est là un de leurs droits. Et, le 7 mars, c’est pour cela qu’ils et elles diront NON. NON à la baisse de leur rente.
Tout le monde vit plus longtemps. Les prestations de vieillesse devraient donc être versées plus longtemps. Or, le capital économisé ne suffirait pas pour garantir l’actuel niveau des rentes. Il faudrait donc baisser les rentes. Ce raisonnement est erroné à plusieurs égards : déduire du fait qu’à l’avenir certains pourraient vivre plus longtemps que tout le monde aurait besoin de rentes moindres une fois à la retraite, c’est suivre une logique tordue. Si l’argument de l’espérance de vie est juste, alors il faudra prendre beaucoup plus de mesures pour tenir l’actuel niveau de rentes et la promesse faite au départ.
Mais la raison donnée à cette baisse des rentes n’est, objectivement aussi, pas bonne. La prolongation de l’espérance de vie des assuré(e)s invoquée a déjà été prise en compte lors d’une révision antérieure de la LPP, en 2003, justifiant alors une baisse du taux de conversion. À l’époque cependant, il avait été possible de maintenir le niveau des rentes par le biais de mesures de compensation. Revenir aujourd’hui avec l’argument de l’espérance de vie pour justifier une nouvelle baisse du taux de conversion, c’est vraiment prendre les gens pour des imbéciles.
Le deuxième argument avancé par les partisans de cette baisse est, lui aussi, erroné. Les rendements espérés sur les marchés de capitaux en prenant des risques prudents ne seraient pas suffisants pour permettre aux caisses de pensions de financer leurs rentes. Mais comment le savent-ils ? Pratiquent-ils le tarot divinatoire ? L’échec des prévisionnistes avant la crise financière, mais aussi les pronostics de croissance économique corrigés tous les trois mois par les instituts spécialisés et les prévisions joyeusement contradictoires des analystes boursiers montrent clairement que les déclarations concernant les rendements futurs ont la précision d’horoscopes. Pour qu’une baisse des rentes de millions d’assuré(e)s soit justifiée, quelle impudence !
La seule chose que nous pouvons affirmer au sujet des rendements futurs possibles à long terme part d’un regard sur le passé. Ce regard fait apparaître que, durant les 80 dernières années, il a été possible de réaliser sans problème les rendements nécessaires aux caisses de pensions pour financer leurs rentes. Ce n’est pas une garantie pour l’avenir, mais un indice qui vaut plus que les sombres prophéties des spécialistes autodéclarés des rendements.
Et il s’agit aussi, dans cette discussion sur la baisse voulue des rentes du 2e pilier, de toujours prendre en considération une chose : la prévoyance vieillesse, ce sont des affaires gigantesques, des affaires dont les compagnies d’assurances veulent un morceau encore plus grand. Mais cela n’est possible qu’en affaiblissant la prévoyance vieillesse publique et obligatoire et donc aussi la solidarité entre les assuré(e)s, entre jeunes et moins jeunes. Toujours plus de personnes devraient alors contracter des assurances privées et les profits des compagnies d’assurances se multiplieraient.
Mais, comme toujours plus comprennent ce petit jeu, ils et elles voteront NON, le 7 mars prochain, à la baisse du taux de conversion LPP, c’est-à-dire à la baisse de leurs rentes.