Jamais il n'y a eu autant de personnes de 55 à 64 ans sur le marché du travail qu'aujourd'hui. Pourtant, les personnes de cette tranche d'âge au sein de la population active n'ont de loin pas toutes un emploi sûr, bien au contraire. Deux facteurs expliquent cette situation : d'une part, la pression toujours plus forte qui s'exerce depuis quelques années sur les travailleurs et travailleuses plus âgés a entraîné une hausse du nombre d'engagements précaires. D'autre part, le chômage des travailleurs et travailleuses plus âgés n'a cessé d'augmenter.
Sur le plan de la politique sociale, cela se manifeste tout d'abord par une durée de perception moyenne des indemnités journalières de chômage nettement plus longue chez les travailleurs et travailleuses plus âgés (chômage de longue durée). Cette durée a pris des proportions telles que cela fait belle lurette qu'elle n'est plus compensée par la durée maximale d'indemnisation prévue par la loi sur l'assurance-chômage (LACI), durée qui a été prolongée pour les assuré-e-s plus âgés ou de longue date ; raison pour laquelle, le risque de se trouver en fin de droit a nettement augmenté pour ces derniers.
La possibilité de réussir à retourner sur le marché du travail après s'être trouvé en fin de droit est donc malheureusement très faible passé un certain âge, ce qui représente pour toutes les personnes concernées une expérience douloureuse, tant au niveau psychique que financier. Financièrement, ce n'est pas seulement la couverture des années jusqu'à la retraite qui représente un problème, mais bien les options actuellement à disposition pour traverser ces années. Dans la plupart des cas, ces options auront pour conséquence, jusqu'à nouvel ordre, que les problèmes de revenus perdureront aussi après l'âge ordinaire de la retraite. En effet, un arrêt prématuré de la vie active entraîne inévitablement des pertes ultérieures en matière de rentes.
Un pas dans la bonne direction, mais des améliorations s'imposent
L'USS exige depuis longtemps un vaste train de mesures destinées à améliorer la situation des salarié-e-s plus âgés. Il faut d'une part des mesures préventives, comme une protection contre le licenciement pour les salarié-e-s plus âgés et de longue date, une protection concrète contre la discrimination liée à l'âge, des offres efficaces de formation continue en cours d'emploi ainsi qu'une orientation plus spécifique des services publics de placement sur les besoins des chômeurs et chômeuses plus âgés. Mais parallèlement, il est indispensable que les lacunes existant dans la sécurité sociale pour les années précédant la retraite soient enfin comblées. C'est pourquoi, l'USS salue vivement l'introduction, proposée par le Conseil fédéral, d'une prestation transitoire pour chômeurs et chômeuses plus âgés.
La prestation transitoire proposée résout un problème socio-politique aigu à l'échelle du pays pour la somme raisonnable de moins de 300 millions de francs (coûts bruts) par année. En plus, ces coûts bruts peuvent être relativisés par des économies importantes prévisibles dans les prestations complémentaires ordinaires (PC) ainsi que dans l'aide sociale. Mais ces coûts relativement bas s'expliquent aussi, et pour une bonne part, par la définition plutôt restrictive du cercle des ayants droit.
Conditions trop restrictives
L'USS est toutefois d'avis que les conditions d'octroi prévues pour la prestation transitoire sont nettement trop restrictives et qu'elles excluent trop de chômeurs et chômeuses plus âgés du droit à la prestation. En effet, cela fait un bon moment que tous les indicateurs montrent que les difficultés des salarié-e-s plus âgés augmentent nettement dès l'âge de 55 ans, et non à 60 ans. La prestation transitoire doit donc intervenir au plus tard pour ce premier groupe d'âge.
En revanche, l'affirmation répétée de la droite que ce nouveau filet social incitera les employeurs et employeuses à licencier davantage les employé-e-s plus âgés puisque ces derniers seront mieux protégés est une vue de l'esprit. Il suffit de jeter un coup d'œil vers le canton de Vaud qui connaît une rente-pont semblable depuis 2011 pour s'apercevoir que cet argument ne tient pas debout. L'expérience s'est avérée très positive et aucun effet "d'incitation négative" n'a été observé. Ce que confirment d'ailleurs les employeurs et employeuses de la place. Évidemment, car aucune entreprise n'a intérêt à se passer à la légère de l'expérience de ses employé-e-s de longue date.