Le Parlement a fait de la réforme du 2e pilier un projet de démantèlement pur et simple. Les salarié-e-s assurés seraient donc condamnés à payer plus pour toucher moins de rente. La CSSS-N a non seulement balayé du revers de main la solution élaborée par les partenaires sociaux et portée par le Conseil fédéral. Elle a également rejeté des mesures qui devaient amener une réelle égalité dans le 2e pilier. Elle refuse de réagir à la baisse des rentes due au renchérissement ou de mettre en œuvre des instruments efficaces pour endiguer l’explosion des coûts et la captation des bénéfices dans le 2e pilier. Aujourd’hui déjà, les caisses de pensions et les assurances soutirent chaque année environ 7 milliards de francs de ce qui est censé être une assurance sociale. Avec cette « réforme », les coûts vont continuer de monter en flèche. Et dans le même temps, une caissière, un boulanger ou une aide-soignante risquent de voir leurs déductions salariales augmenter pour, au final, toucher encore moins de retraite.
Si nécessaire, les gens qui travaillent décideront dans les urnes s’ils veulent verser 3 milliards de francs supplémentaires dans les caisses de pensions pour obtenir, au final, une rente moins élevée, ou s’ils préfèrent financer une 13e rente AVS. Le calcul est très simple : le renforcement de l’AVS est rentable pour 90 % de la population, en particulier pour les revenus bas et moyens et pour les femmes.
Nouvelles baisses des rentes : la ligne rouge à ne pas franchir
Les rentes du 2e pilier sont en chute libre depuis au moins une décennie. Après les faibles taux d’intérêt et les baisses extrêmes des taux de conversion, la situation s’aggrave encore à cause de l’absence de compensation du renchérissement dans les caisses de pension. Conséquence concrète : d’ici fin 2024, les gens qui partent à la retraite perdront une rente mensuelle complète ! Dans un tel contexte, de nouvelles baisses de rentes constituent un tabou dans toute réforme de la LPP. Même une baisse du taux de conversion minimal n’est plus une option, avec le revirement des taux d’intérêt. Le calcul de la CSSS-N ne fonctionne que pour les prestataires. Les gens qui travaillent, eux, se font tout simplement arnaquer.
De plus, la décision de la commission est d’une arrogance crasse vis-à-vis des femmes. Malgré des grandes promesses faites publiquement, la CSSS-N n’a pas hésité à détériorer encore davantage la proposition – déjà insuffisante – du Conseil des États. Après avoir dû avaler le relèvement de leur âge de la retraite, les femmes devront attendre pendant des décennies encore les améliorations promises, alors que le besoin est urgent et immédiat. La baisse du taux de conversion ne sera entièrement compensée que pour moins de la moitié des femmes – et au total pour seulement un quart de tous les assuré-e-s. Il est pourtant évident que les femmes et les employé-e-s à temps partiel ont besoin immédiatement de retraites plus élevées, et que le prix doit en être abordable. La décision d’aujourd’hui prend une direction diamétralement opposée. Elle montre que l’amélioration des retraites ne peut être abordable et rapide que si elle est accompagnée d’une composante financée par répartition.
Le Parlement a transformé le compromis LPP en un coûteux projet de démantèlement
À la demande du Conseil fédéral, l’USS avait élaboré et présenté, en collaboration avec les partenaires sociaux, un compromis sur la LPP qui ne comportait pas de réduction des rentes. Bien que le Conseil fédéral l’ait présenté tel quel et en ait recommandé l’adoption au Parlement, ce dernier a décidé de faire aboutir un projet bien différent qui démantèle les rentes.
Ce Parlement refuse obstinément de voir que la situation des retraites s’est fortement dégradée dans ce pays, alors que les caisses des assurances et des caisses de pension continuent de se remplir. La majorité accorde donc plus d’importance aux intérêts des prestataires qu’à ceux des salarié-e-s assurés. C’est pourquoi l’USS combattra avec véhémence un projet de démantèlement de la LPP, si nécessaire en lançant un référendum.