Le Conseil fédéral a annoncé aujourd’hui une forte hausse des primes-maladie : + 8,7 % dès le début de l’an prochain. Pour les gens qui gagnent normalement leur vie, la charge devient tout simplement insupportable. Maintenant, il s’agit d’augmenter sans tarder les réductions de primes (subsides) pour soulager les revenus bas et moyens. Car avec la hausse des loyers, de l’électricité et des prix en général, les gens qui travaillent et les retraité-e-s ont toujours moins pour vivre.
On s’y attendait depuis un bon moment, c’est maintenant officiel : nous allons subir de plein fouet un nouveau choc en matière de primes-maladie. Avec une hausse de 8,7 %, les primes de l’assurance de base augmentent comme jamais depuis 21 ans. Cette charge supplémentaire dépasse les limites du supportable pour de nombreux assuré-e-s : d’une part, parce que le pouvoir d’achat est déjà sérieusement mis à mal, et d’autre part, parce que le fardeau que représentent les primes-maladie est depuis longtemps déjà beaucoup trop lourd pour les ménages à bas et moyens revenus. Les cantons notamment portent une responsabilité importante pour cette situation : leurs budgets pour les subsides ne suivent pas l’augmentation des coûts, au contraire. Ainsi, entre 2012 et 2022, les moyens à disposition ont été réduits en termes réels dans 17 des 26 cantons !
Les chiffres choquants publiés il y a deux semaines par l’Observatoire suisse de la santé (Obsan) sur le « renoncement aux prestations » illustrent également les conséquences délétères de cette charge trop élevée : parmi les ménages fortement défavorisés, près de la moitié (46 %) renonce aujourd’hui pour des raisons financières à des consultations médicales ou à des médicaments.
Il est plus que temps de prendre le taureau par les cornes : baisser les prix des médicaments, éliminer la surabondance de soins liée aux assurances complémentaires, mettre en place une planification coordonnée par-delà les frontières cantonales, accélérer le virage ambulatoire – autant d’outils de réduction des coûts qui seraient rapidement applicables et efficaces. Mais cela ne suffira pas pour que le système de santé repose enfin sur une base financière sociale. Pour y parvenir, il faut que le financement lui-même soit principalement basé sur les revenus – comme partout ailleurs en Europe. C’est précisément ce que demande l’initiative d’allègement des primes (« initiative des 10 % ») du PS et de l’Union syndicale suisse (USS). Dominé par les partis bourgeois, le Parlement a, dans une décision incompréhensible, fait passer à la trappe un bon contre-projet. L’initiative d’allègement des primes reste donc le seul moyen de réduire rapidement et efficacement la charge des primes pour les ménages.
De plus, les écarts de primes entre les cantons ne sont plus non plus acceptables. De Boncourt à Poschiavo, les assuré-e-s ont droit exactement aux mêmes prestations pour leur argent. Et pourtant, leurs primes sont en moyenne presque deux fois plus élevées dans le canton de Bâle-Ville qu’en Appenzell Rhodes-Intérieures (+92 %). Voilà une autre bonne raison de poursuivre cet objectif social : dans aucun canton et pour aucun ménage, la charge des primes ne doit dépasser 10 % du revenu.