Au cours de la décennie écoulée, l’évolution du 2e pilier a été catastrophique pour les salarié-e-s. Alors que leurs cotisations aux caisses de pensions ont augmenté, les prestations qu’ils touchent en retour ne cessent de diminuer. Ainsi, la nouvelle rente moyenne est actuellement déjà inférieure de 230 francs à celle de 2015. Cela n’a toutefois pas empêché le Conseil national de sceller aujourd’hui le sort d’une réforme qui n’est rien d’autre qu’un nouveau démantèlement. Il mise sur des réductions de rentes supplémentaires pouvant atteindre 200 francs par mois. Or, on sait qu’une personne à la retraite risque déjà de perdre 300 francs de pouvoir d’achat d’ici 2024 puisque le renchérissement et la hausse des primes d’assurance maladie grignotent déjà constamment la valeur des rentes du 2e pilier.
Les décisions prises aujourd’hui montrent clairement que la réforme du 2e pilier s’est transformée en projet de démantèlement pur et simple au Parlement. Les salarié-e-s assurés devront payer plus, mais recevront moins de rente. Le Conseil national n’a pas seulement balayé la solution des partenaires sociaux et du Conseil fédéral. Il refuse même de réagir à la baisse des rentes due au renchérissement ou de mettre en œuvre des instruments efficaces pour endiguer l’explosion des coûts et la captation des bénéfices dans le 2e pilier.
Les caisses de pensions et les assurances prélèvent déjà environ 7 milliards de francs par an sur cette assurance sociale. Avec la présente « réforme », ces coûts vont encore exploser. Parallèlement, une caissière, un boulanger ou une aide-soignante risquent de voir leurs retenues salariales augmenter pour, au final, toucher moins de retraite.
Le Parlement a fait du compromis sur la LPP un coûteux projet de démantèlement
Sur mandat du Conseil fédéral, l’USS avait élaboré, en collaboration avec les partenaires sociaux, un compromis sur la LPP qui fonctionnait sans réduire les rentes. Bien que le Conseil fédéral l’ait présenté tel quel au Parlement et recommandé son adoption, il a été littéralement passé à la moulinette, et un nouveau projet de démantèlement est maintenant sur le point d’aboutir.
Le Parlement refuse d’admettre que la situation des retraites s’est fortement dégradée dans ce pays, alors que les caisses des assurances et des caisses de pensions continuent de se remplir. Ce qui montre bien qu’une majorité du Parlement accorde plus d’importance aux intérêts des prestataires qu’à ceux des salarié-e-s assurés. C’est pourquoi l’USS combattra avec véhémence un tel projet de démantèlement de la LPP.
Au besoin, les gens qui travaillent pourront décider dans les urnes s’ils souhaitent vraiment verser 3 milliards de francs supplémentaires de cotisations salariales dans les caisses de pensions pour recevoir moins de rentes au final. Ou s’ils préfèrent financer une 13e rente AVS avec la même somme. Le calcul est simple : le renforcement de l’AVS est payant pour 90 % de la population, et particulièrement pour les personnes à bas et moyens revenus et pour les femmes.