L’été dernier, les syndicats ont mené à bien en l’espace de quatre mois seulement la récolte des signatures pour l’initiative populaire AVSplus. Son succès montre à quel point ce qu’elle demande est populaire. En repoussant son dépôt à aujourd’hui, juste avant Noël, on l’a désormais inscrite au même calendrier politique que le processus législatif concernant « Prévoyance vieillesse 2020 ». Les travailleurs et travailleuses à bas ou moyens revenus ont besoin, une fois à la retraite, de rentes décentes (« maintenir de manière appropriée (le) niveau de vie antérieur », comme le dit la Constitution fédérale). Ils en ont assez de ces revendications de démantèlement des rentes qui n’en finissent plus, d’autant plus que le mandat constitutionnel n’est toujours pas rempli. En tant que processus, le projet « Prévoyance vieillesse 2020 » prend la bonne direction, avec son approche globale des 1er et 2e piliers. Mais il doit être fortement modifié sur le fond. Pas question de réduire les rentes, il faut renforcer l’assurance populaire qu’est l’AVS !
Pourquoi faut-il améliorer les rentes AVS ? Par rapport à l’évolution économique, celles-ci ont perdu de leur valeur depuis de nombreuses années (« dégression à froid »). La compensation du renchérissement au moyen de l’indice mixte (pour une moitié, le renchérissement et, pour l’autre, l’évolution des salaires) est une bonne chose pour les rentes AVS courantes. Mais ce système a pour effet que, lors du passage à la retraite, les nouvelles rentes prennent lentement, mais sûrement, du retard par rapport à l’évolution des salaires. C’est pour cela qu’après des décennies, il faut combler ce retard au moyen d’un supplément de rente AVS. Impossible, sinon, à la prévoyance vieillesse de satisfaire au mandat constitutionnel.
« Prévoyance vieillesse 2020 », non seulement ne résout pas le problème du retard pris par les rentes AVS, mais l’aggrave même en remettant en question la compensation du renchérissement sous couvert de « frein à l’endettement ». Tout le contraire du maintien des prestations annoncé.
Comment financer des rentes AVS meilleures ? Si nous regardons le projet « Prévoyance vieillesse 2020 », nous voyons que les mesures destinées à compenser la baisse des rentes proposées dans le 2e pilier auront pour prix des prélèvements salariaux supplémentaires importants. Pour les personnes concernées, ces cotisations supplémentaires au 2e pilier auront un rapport qualité-prix très désavantageux : des coûts élevés pour des prestations modestes.
Pour les petits et moyens revenus, le rapport qualité-prix est bien meilleur avec l’AVS. Ce qui est décisif ici, c’est le financement tant solidaire que très efficient de celle-ci, qui prévoit une obligation de cotiser non plafonnée, mais des rentes, elles, plafonnées. C’est pour cela qu’AVSplus renforcera une AVS qui a fait ses preuves et dont tout le monde profite. Les dépenses faites dans ce but seront de bons investissements. Et, soit dit en passant, si l’initiative populaire pour un impôt sur les successions passait la rampe, deux tiers des coûts entraînés par l’amélioration des rentes grâce à AVSplus seraient déjà financés.
AVSplus renforcera la base de notre prévoyance vieillesse, à savoir l’AVS. L’initiative populaire pose donc la question cruciale pour les rentes des décennies à venir, celle de rentes décentes pour toute la population.