Il n'y a même pas deux mois, en acceptant la RFFA (réforme fiscale et financement de l'AVS), les citoyen-ne-s ont montré toute l'importance qu'ils accordent à l'AVS. La stabilité financière de cette dernière s'en trouve désormais garantie pour ces prochaines années. Il n'y a même pas un mois, les femmes de ce pays ont ensuite donné avec la Grève des femmes - le plus grand événement politique de notre histoire récente - un signal clair : nous devons faire de vrais progrès en matière d'égalité des sexes, et non pas pratiquer un pseudo-égalitarisme avec l'âge de la retraite.
Les grands axes de la réforme AVS 21 décidés aujourd'hui par le Conseil fédéral montrent que ce dernier refuse de voir ces réalités. Au lieu de s'attaquer à la vraie problématique des rentes insuffisantes, il continue à miser sur un relèvement de l'âge de la retraite des femmes. L'Union syndicale suisse (USS) estime que, sur ces deux points, cette attitude est inacceptable et menace inutilement les travaux de réforme. Les délégué-e-s de l'USS l'ont répété, lors de leur dernière assemblée de fin mai, et se sont clairement prononcés contre le relèvement de l'âge de la retraite des femmes.
Les mesures compensatoires proposées en contrepartie de ce dernier ne représentent pas une compensation des vrais problèmes des femmes. Non seulement elles ne compenseront qu'un tiers de la contribution des femmes à la réforme via le relèvement de leur âge de la retraite, mais il faut aussi rappeler ici qu'à cause des rentes du 2e pilier, le niveau de leurs rentes est globalement très inférieur à celui des hommes dans la prévoyance vieillesse.
La Confédération vient récemment de confirmer que les prestations du 2e pilier touchées par les hommes qui ont pris leur retraite en 2017 ont été environ deux fois plus élevées que celles des femmes pendant la même année. La rente des femmes est souvent si basse qu'elle ne permet pas de vivre décemment, une fois à la retraite. Le compromis présenté mardi dernier par les partenaires sociaux au sujet de la LPP corrigerait certes à l'avenir cette situation, mais le niveau des rentes des femmes restera sans doute encore longtemps largement inférieur à celui des hommes. Par conséquent, le Parlement doit en tirer les bonnes conséquences pour le projet de réforme de l'AVS.
Il est clair aux yeux de l'USS que, premièrement, il reste suffisamment de temps pour réaliser une réforme de l'AVS qui soit dans l'intérêt de l'ensemble de la population. Deuxièmement, la Suisse, qui devient toujours plus riche, peut et doit se permettre une prévoyance vieillesse de qualité et dotée d'un financement solide. Non seulement c'est là un mandat qui figure dans la Constitution fédérale, mais vivre décemment sa retraite est aussi une question de respect pour les travailleurs et travailleuses concernés.
Renseignements :
- Gabriela Medici, secrétaire centrale de l'USS, responsable de la politique sociale, 079 242 65 43
- Thomas Zimmermann, responsable de la communication de l'USS, 079 249 59 74