Le Conseil fédéral présente des arguments unilatéraux contre une 13e rente AVS sans dire qu’en Suisse, la situation en matière de retraites n’a cessé de se détériorer au fil des ans.
La situation financière de nombreuses personnes à la retraite ou sur le point de l’être s’est gravement détériorée ces dix dernières années. Les chiffres présentés par la conseillère fédérale Baume-Schneider montrent une réalité appartenant au passé. Ils reposent sur une étude utilisant des données de 2015. Or la situation s'est profondément modifiée depuis. À eux seuls, le renchérissement, l’explosion des primes d’assurance-maladie et les hausses des loyers depuis 2020 ont englouti l’équivalent d’une rente mensuelle. Les personnes seules ont près de 3500 francs de moins pour vivre. Pour les couples, le manque à gagner dépasse 6000 francs par an. Le Conseil fédéral n'a rien à dire ni à proposer à ce sujet.
À cela s’ajoutent les problèmes du 2e pilier. Les rentes diminuent en valeur réelle, bien que les cotisations ne cessent d’augmenter. Ce phénomène n'avait pas encore cette ampleur il y a dix ou quinze ans. Cette situation touche surtout les personnes ayant récemment pris leur retraite ou sur le point de le faire. Après correction du pouvoir d’achat, la rente moyenne des caisses de pensions est sensiblement plus basse aujourd’hui qu’en 2015. Alors même que les salaires et les revenus des personnes professionnellement actives ont augmenté dans l'intervalle.
L’engagement du Conseil fédéral contre la 13e rente AVS ignore la situation des rentes en Suisse et l’objectif constitutionnel de couverture par les rentes des besoins vitaux. Il se concentre exclusivement sur la situation financière de l’AVS au cours des dix ans à venir. En passant sous silence que l’AVS est l’unique forme de prévoyance permettant à une grande majorité de la population d’obtenir des rentes abordables.