En prévoyant de baisser le taux de conversion de 6,8 à 6 %, le Conseil fédéral propose la plus forte réduction de rentes de tous les temps. Celles-ci diminueraient de plus de 12 pour cent. L’amputation représenterait le double de celle qui fut sèchement refusée par une majorité de trois quarts des votant(e)s en 2010. L’Union syndicale suisse (USS) ne peut accepter cette réduction draconienne du taux de conversion minimal. Elle la combattra. Elle n’a rien d’urgent, s’appuyant sur le faible taux d’intérêt actuel. Mais les taux d’intérêt et les rendements ne sont pas gravés dans le marbre. Il n’est pas sérieux de concevoir une réforme des rentes en se basant uniquement sur le scénario d’un taux d’intérêt bas.
Certes, le Conseil fédéral veut amortir la réduction des rentes. L’augmentation du capital épargné (durée de cotisations plus longue, etc.) ne fera toutefois que continuer à gonfler un deuxième pilier soumis à l’imprévisibilité des marchés financiers. Il faudrait qu’environ 3,7 milliards supplémentaires rentrent chaque année dans les caisses de pensions. Cela coûtera très cher aux salarié(e)s à bas et moyens revenus. Au lieu de développer l’emprise d’un deuxième pilier onéreux, peu attractif pour les bas salaires, il faudrait améliorer les prestations de l’AVS, comme l’exige l’initiative populaire AVSplus.
Le plan du Conseil fédéral de se soustraire à sa responsabilité dans le financement de l’AVS n’est pas acceptable. Si la contribution de la Confédération à l’AVS devait être pour moitié articulée sur la TVA, l’AVS serait privée annuellement d’au moins 550 millions jusqu’en 2030. Afin d’éviter la diminution des rentes, la TVA devrait donc être augmentée, par exemple. L’USS refuse catégoriquement cette répercussion financière.
L’USS s’oppose aussi à l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Il s’agit là d’une mesure de démantèlement unilatérale et injuste. Car les femmes, à cause des interruptions de carrière et de leur bas salaire, ont aujourd’hui des rentes de vieillesse nettement plus basses que celles des hommes. L’augmentation de l’âge de la retraite ne ferait que renforcer l’inégalité de traitement matérielle entre les femmes et les hommes. Conjointement, l’USS met en garde contre l’idée d’abandonner l’âge ordinaire de la retraite à 64 et 65 ans et de le remplacer par un âge de référence, car il s’agirait d’un premier pas en direction d’une élévation générale de l’âge de la retraite.
L’USS salue le fait que le Conseil fédéral aborde la question de la prévoyance vieillesse dans son ensemble. Mais le Conseil fédéral, au total, prend une orientation erronée, puisque ses propositions débouchent sur une expansion indésirable du deuxième pilier et un affaiblissement de l’AVS. L’USS rejette aussi toutes les tentatives de fractionner les réformes ou de ficeler différents paquets législatifs. Cette façon de procéder est condamnée à l’échec.
Renseignements
Doris Bianchi, secrétaire centrale de l’USS, responsable de la politique sociale, 076 564 67 67 se tient à votre disposition pour tout complément d’information