L’augmentation prévue de la franchise minimale grèvera encore plus le budget des ménages, pourtant déjà confrontés à l’explosion des primes d’assurance-maladie. Alors qu’avec la réforme EFAS le lobby de la santé a su davantage ponctionner les payeuses et payeurs de primes, les assuré-e-s subiront encore une hausse conséquente de leur franchise minimale. Une telle décision est révélatrice des priorités d’un Parlement dominé par les partis bourgeois : au lieu de revoir la rémunération des prestataires privés, il préfère faire payer la facture aux plus faibles de la société. Ce cynique « cadeau de Noël » survient à deux semaines seulement de l’entrée en vigueur, au 1er janvier 2025, d’une brutale hausse de primes, la troisième d’affilée.
Après le Conseil fédéral et le Conseil des États, le Conseil national a approuvé à son tour le relèvement de la franchise minimale. Il est prévu de l’adapter, dans un premier temps, au « niveau actuel des coûts », puis périodiquement. En clair : après les primes, les franchises entreront à leur tour dans une spirale haussière.
Aujourd’hui déjà, tant les primes que la participation aux coûts dont doivent s’acquitter les personnes assurées sont en constante hausse. Entre 2005 et 2023, la charge moyenne due aux franchises et quotes-parts a bondi de 40 %. Pourquoi ? Parce que beaucoup de personnes sont dans l’obligation de choisir une franchise plus élevée afin d’économiser au moins un peu d’argent, à condition bien sûr de rester en bonne santé.
La hausse des franchises frappera de plein fouet les malades chroniques qui ne peuvent ni se rabattre sur un niveau de franchise plus élevé, ni renoncer aux traitements nécessaires. En outre, cette mesure nuit gravement à la santé publique. Car la participation aux coûts déjà bien trop élevée aujourd’hui contraint toujours plus de patient-e-s à renoncer, à leurs risques et périls, à des prestations nécessaires. D’où des souffrances humaines évitables et, en dernier lieu, une facture globale plus élevée pour tout le monde.
Au lieu d’« adapter la franchise minimale aux conditions réelles » – c'est le titre de la motion adoptée par la deuxième chambre – le Parlement devrait urgemment arranger le financement du système de santé conformént « aux conditions réelles ». Concrètement, les personnes pouvant se le permettre doivent payer davantage à l’assurance de base. C’est déjà le cas dans la plupart des pays européens.