En Suisse, le pouvoir d’achat des retraites est en baisse. L’explosion des primes d’assurance-maladie, les augmentations de loyer et le renchérissement ont englouti l’équivalent d’une rente mensuelle. Cette évolution affecte les retraités actuels et futurs. Les rentes des caisses de pensions ont déjà chuté de 13 %, et les perspectives sont sombres. D’où un revenu manquant en Suisse, et les choses ne feront qu’empirer ces prochaines années. En particulier, les ménages de la classe moyenne sont confrontés à des défis financiers croissants à la retraite.
Les banques et les assurances exploitent le problème du revenu manquant à la retraite dans leur publicité pour leurs produits de prévoyance du 3e pilier. Elles mettent en garde contre les lacunes en matière de rentes et encouragent les personnes professionnellement actives à investir dans leurs offres de prévoyance (fact-check à ce sujet ). Les syndicats proposent par contre, avec leur initiative pour la 13e rente AVS, d’augmenter les rentes AVS. En effet, le rapport qualité/prix offert par l’AVS est bien meilleur que dans la prévoyance privée individuelle, pour presque tous les travailleurs et travailleuses.
L’USS a calculé en détail le rapport prix/prestations de la 13e rente AVS et du 3e pilier. Les résultats sont éloquents : l’AVS est bien plus attrayante financièrement pour la majeure partie de la population. Grâce à la 13e rente AVS, les personnes professionnellement actives auront beaucoup plus d’argent pour vivre que s’il leur fallait combler le revenu manquant avec une solution privée. À condition bien sûr d’avoir l’argent pour le faire. Les différences de prix sont énormes. Grâce à la 13e rente AVS, les personnes ayant un revenu moyen économiseront plus de 30 000 francs (personne seule), voire plus de 55 000 francs (couples mariés). Et le résultat resterait en faveur de la 13e rente AVS même si les taux d’intérêt devaient augmenter rapidement et de manière significative.
Même le relèvement à moyen terme des cotisations salariales de 0,4 point de pourcentage tant pour les employé-e-s que pour les employeurs n’alourdirait pas significativement les prélèvements salariaux par rapport au passé. En effet, les cotisations sociales tendent à diminuer et devraient continuer de le faire – notamment dans l’assurance-accidents et dans l’assurance-chômage, suite à la baisse du nombre d’accidents et de personnes au chômage. La 13e rente AVS peut être financée – sans effet majeur sur la charge des cotisations (analyse détaillée ).
L’AVS financée par les cotisations salariales est bien plus avantageuse, parce que les employeurs paient une partie des cotisations. Ou que des rentes sont prévues si l’on s’est occupé d’enfants ou de proches nécessitant des soins. Parce que l’AVS utilise une partie des cotisations versées par les très hauts revenus, comme Sergio Ermotti, afin de financer les basses et moyennes rentes. Et parce que les banques et les assurances ne gagnent rien au passage. Les travailleuses et travailleurs reçoivent ainsi une bien meilleure rente dans l’AVS en échange des cotisations versées, ce qui permet de combler efficacement le revenu manquant.
Entre-temps, beaucoup de nos adversaires ont reconnu l’existence d’un problème au niveau des rentes. D’autres solutions que la 13e rente AVS sont soudainement évoqués dans le débat public. L’USS a analysé ces propositions. Le constat est sans appel. Sachant par exemple que neuf couples mariés sur dix perçoivent déjà la rente maximale possible, seule une augmentation générale des rentes AVS résoudrait le problème actuel.