C'est là le titre, très parlant, de la brochure d'une vingtaine de pages que l'USS vient de publier. Ses auteurs sont Daniel Lampart, premier secrétaire de l'USS, Franziska Bender, collaboratrice scientifique de l'USS, et Ralph Hug, journaliste. Elle décrit la dureté du statut de saisonnier introduit en 1934 et prouve que le contingentement des travailleurs étrangers a été nuisible pour notre économie.
L'extrême dureté des conditions de vie et de travail de ces " travailleurs invités " (" Gastarbeiter ") comme le décrit si cyniquement la langue allemande, est avant tout illustrée par trois portraits d'anciens saisonniers. Car la Suisse ne souhaitait en fait qu'obtenir de la main d'œuvre anonyme, soumise, interchangeable et surtout bon marché: Et pourtant : " On avait fait appel à de la main-d'œuvre, et ce sont des hommes qui sont arrivés ", comme l'écrivain avec justesse en 1965 le grand écrivain alémanique Max Frisch. Car il s'agissait de ravaler des gens au niveau d'une simple main-d'œuvre, ces portraits illustrent clairement ce phénomène sous ses principales facettes peu glorieuses : interdiction du regroupement familial, logements souvent en pitoyable état, isolement, visites sanitaires humiliantes aux frontières, risque de subir le chantage du patron parce que le changement d'emploi était interdit. Sans parler des enfants cachés, parce que dans l'illégalité...
Et l'aspect économique ? À cause de l'existence de contingents, il y avait beaucoup de travail au noir, surtout dans l'agriculture et la construction. De plus, les saisonniers étaient clairement moins bien payés que les autochtones. La sous-enchère salariale était de ce fait une triste réalité bien présente. Et parce que l'État ne voulait pas que les saisonniers s'intègrent dans notre société, il misa sur le principe de la rotation de ces derniers. Ce qui fit aussi obstacle à une bonne organisation du travail, au développement d'un esprit d'équipe et freina l'innovation, conduisant l'économie à des retards de productivité.
Bref, un monde dont on devrait avoir honte, un monde qui ne peut servir de modèle d'avenir que pour que quelques fanatiques par définition incorrigibles.
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