Le résultat de la conférence[1] peut être considéré comme assez positif. En effet, notre analyse de la situation et la plupart de nos revendications concernant la pénurie de personnel dans le secteur de la santé ont été partagées par les autres organisations et collectivités publiques représentées : ainsi, les participant(e)s sont tombés d’accord pour améliorer le démarchage de places d’apprentissage, l’information aux jeunes qui recherchent une place, le soutien à la reconversion professionnelle dans le secteur de la santé et le soutien aux cantons lançant des projets pilotes de création de places de formation. Nous avons pu obtenir que certaines des mesures proposées par l’Office fédérale de la formation professionnelle et de la technologie (OFFT) aillent plus loin que prévu, par exemple sur la question du financement initial des entreprises formatrices et des mécanismes d’incitation à la création de places de formation. Il faudra cependant continuer à maintenir la pression sur l’OFFT, les cantons et les organisations du monde du travail (OdA Santé) pour que ces engagements se réalisent et pour que les moyens nécessaires soient réellement mis à disposition. Le travail ne fait donc que commencer.
En revanche, la situation sur le marché des places d’apprentissage se dégrade. C’est en tout cas ce qui ressort du « baromètre des places d’apprentissage »[2], que l’OFFT a publié le jour même de la conférence. Si l’OFFT maintient son angélisme habituel en prétendant que « la situation est stable », une analyse fine des chiffres du baromètre incite à la prudence, si ce n’est au pessimisme.
On peut y constater en effet que:
§ Le nombre de nouvelles places d’apprentissage recule pour la première fois depuis 2004. Ce recul est certes modéré (-1 %), mais il pourrait marquer le début d’une tendance due, d’une part, à la crise économique et, de l’autre, au recul démographique. Malgré ce dernier, on ne peut en outre que constater que le nombre de jeunes à la recherche d’une place de formation est toujours largement supérieur à celui de places d’apprentissage offertes. Cela confirme l’avis de l’USS selon qui il ne suffit pas de compter sur le recul démographique pour que le problème se résolve. L’OFFT, qui persiste à prétendre le contraire depuis plusieurs années, devra réviser son jugement.
- Le nombre de jeunes sans la moindre solution à la sortie de l’école obligatoire augmente de 2000 personnes (+28 %), alors qu’entre 2006 et 2008, il avait reculé. La plupart de ces jeunes sont les futurs bénéficiaires de l’aide sociale. Malheureusement, l’OFFT ne semble guère s’en alarmer.
- Le nombre de jeunes en « liste d’attente », c’est-à-dire qui ont dû se contenter d’une solution transitoire mais chercheront à nouveau une place l’an prochain, ne diminue que de manière marginale (-2 %) ; cela, malgré la bonne situation de l’économie lors des années précédentes et la « détente » sur le marché des places d’apprentissage que l’OFFT croyait voir. Et ce nombre reste très élevé: 21 000 jeunes, dont la plupart n’apparaissent pas, soit dit en passant, dans les statistiques du chômage du Seco. La période de baisse du chômage de ces dernières années n’a donc pas permis d’améliorer de manière sensible l’accès des jeunes à la formation post-obligatoire.
Dans ce contexte, les revendications de l’USS (fonds cantonaux pour la formation professionnelle dans tous les cantons, démarcheurs/démarcheuses de places d’apprentissage pour toutes les branches et pas seulement pour le secteur de la santé, 10 000 nouvelles places de formation en écoles professionnelles à plein temps et mise en place d’années d’apprentissage de base) restent d’actualité.
[1] Le catalogue des mesures prise se trouve sur : http://www.news-service.admin.ch/NSBSubscriber/message/attachments/17144.pdf
[2] http://www.bbt.admin.ch/aktuell/medien/00483/00594/index.html?lang=fr&msg-id=29686